
“Petite soeur” : Marie Nimier interroge une relation frère-soeur fusionnelle
Dans son nouveau roman, l’écrivaine Marie Nimier nous fait entrer dans le quotidien d’une trentenaire dévastée par la mort de son frère à peine plus âgé. Un livre fort sur les ambiguïtés de la fratrie et sur le deuil.
Mort subite d’un quasi-jumeau
Alice a à peine dépassé la trentaine lorsqu’elle apprend que son frère d’à peine un an de plus est mort brusquement. Elle était en froid avec lui depuis des années, mais la nouvelle l’affecte tellement qu’elle ne peut pas se rendre à la crémation avec ses parents et sa grand-mère. Américaine, fantasque, cette dernière est l’interlocuteur unique d’Alice et lui conseille de changer d’air et de se mettre à écrire. Alice répond à une mission de garde de chat dans une grande maison dont l’habitant part bosser en Inde. Là, elle organise son travail alimentaire (le matin) et d’auteur (le soir) de manière à traverser le deuil…
Frère et soeur, le trouble
Très juste dans la peau d’une jeune femme frappée par un deuil impossible, Marie Nimier déroule avec art et subtilité le fil rouge d’un deuil qui s’avère plus complexe encore que prévu. Petit à petit, par flash-backs qui ne sont pas lourds, la relation au frère prend corps sur fond de solitude à peine habité par la voix de la grand-mère et le fantôme du chat. Un frère plus jeune mais qui a pris toute la place pour effacer une “petite soeur” qui a du mal à exister avec lui. Le roman enquête sur une part d’ombre effrayante avec tact et précision.
Marie Nimier, Petite Soeur, Gallimard, 240 p., 19 euros. Sortie le 18/08/2022.
visuel (c) Couverture du livre