
“Grâce à Dieu” finalement en salles mercredi
Alors qu’il vient d’être récompensé par le prix du jury à la Berlinale samedi dernier Grâce à Dieu de François Ozon, s’est vu demandé le report de sa sortie car le film nuirait à la présomption d’innocence des accusés dans l’affaire Barbarin. Hier la justice a finalement autorisé le film à sortir en salle demain, rappelant que celui-ci n’entravait pas l’enquête en cours.
“Mon film ne se place pas sur un aspect judiciaire, il se place sur l’aspect humain et sur la souffrance des victimes”, avait déclaré à l’AFP François Ozon en parlant de Grâce à Dieu, son nouveau long métrage qui raconte les débuts de l’association La parole libérée fondée en 2015 à Lyon dans le but de réunir les anciens scouts victimes d’abus sexuels par le prête Bernard Preynat. Cette même année, le scandale de ces révélations avait prit de l’ampleur lorsque les accusations se sont mises à toucher des personnes pour non-dénonciation d’agressions sexuelles à caractère pédophiles, dont le très haut placé Cardinal Barbarin qui avait ainsi tristement donné son nom à l’affaire. Alors que le père Preynat a été mis en examen depuis 2016 et attend son jugement cette année, les décisions de justice concernant l’affaire Barbarin devraient être déclarées le 7 mars.
Dans ce contexte plus qu’actuel, le film de François Ozon a donc un fort retentissement. Ainsi Emmanuel Mercinier, avocat du père Preynat, estime que la présomption d’innocence de celui-ci est bafouée par le scénario. Après avoir fait appel, il déplore au micro de Europe 1 la décision du juge autorisant la sortie du film en salle : “Il considère que le fait d’insérer un carton à la dernière seconde du film indiquant que le père Preynat bénéficie de la présomption d’innocence répond aux exigences de la loi, la culpabilité de ce denier n’étant dès lors pas présentée comme acquise”. Malgré cette première victoire, l’équipe de Grâce à Dieu n’est pas au bout de ses peines puisqu’une ex-membre du diocèse de Lyon, Régine Maire, représentée sous son nom dans le film, a assigné François Ozon pour qu’il retire son nom du film.
En attendant les prochaines décisions de la justice, François Ozon a fêté avec humour la sortie de son film sur Twitter (ci-dessous). Celui-ci sortirait en salle demain, si Dieu le veut !
— François Ozon (@francois_ozon) 18 février 2019
Rappelons également que sera publiée une version papier du scénario théâtralisé sous la forme de 3 actes et d’un épilogue aux éditions des Solitaires Intempestifs. Pour François Ozon : “L’écriture théâtrale m’a tout de suite semblé la forme idéale, car elle permet de donner aux parcours des personnages un statut mythologique, universel, représentatif de celui de nombreuses victimes.”
Visuel : ©Affiche officielle