
La playlist de l’été — épisode final
Cette semaine, c’est la dernière, avec Faon Faon, Atili, Kelley Stoltz, Goldilox et Jean Baskets. On se retrouve à la rentrée.
Amore moi (feat.Alida Chelli) — Jean Baskets
Il suffit d’une voix de l’Italie des années 60 et c’est le feu sur le dance-floor. Enfin, l’art work de Marco Mori y est aussi pour quelque chose dans cette façon de tirer ce qui pourrait être une pub Kenzo vers un univers Fellinien. On frise le kitsch mais le résultat tout en mimalisme sophistiqué échappe au ridicule (petit cœur à la face book, couche-culotte de femme enfant et mystérieuse présence de verres à pied). Il n’y a plus qu’à dérouler un subtil tapis musical de transe que l’on écoutera volontiers dans un ascenseur (pour l’échafaud, évidemment).
Goin’on (feat.Panda Dub) — Atili
Pour rester dans le bizarre, cette fois dans un univers beaucoup plus réaliste, cette insidieuse montée en puissance parano qui étreint forcément celle qui, trop seule pour partager ses petits secrets, finit par se dédoubler, papier névrotique en accordéon qui éloigne le double vicieux que l’on voudrait ignorer, celui qui accompagne ce que l’on fait… Des choses pas très légales ni très créatives. Impossible dès lors d’oublier qui on est, une vulgaire dealeuse d’herbe toujours un peu foncedée.
Mariel — Faon Faon
La belle idée du duo, Faon + Faon, Fanny et Olympia, la Belgique + la France (ça marche parfois) et donc ce texte pop en français assez classe en ce qu’il permet d’éviter l’écueil de la forfanterie. Le morceau est d’autant plus réussi que côté production aussi, le franchement pop ne vient pas engluer l’ambiance électronique qui apporte le subtil zeste 2018 et épouse joliment le chœur des faons parfaitement exaltés. Danse, danse, danse…
Static electricity – Kelley Stoltz
Non pas «Radio Activity» (Kraftwerk) mais «Static Electricity» du toujours génial Californien qui, de plus en plus, pousse la nonchalance pop dans les cordes en poursuivant son furieux combat avec ce que l’on pourrait appeler un psychédélisme contagieux (du TV personalities sublimé?). Une chanson incroyable qui semble tenir toute seule sur le fil invisible d’une instrumentation somme toute classique. Mais alors d’où vient la magie qui produit ce curieux sentiment de “pas de côté”? Le mystère reste entier.
I love you – Goldilox
On se fait un «guilty pleasure» pour finir; quand la disco dégouline dans cette moiteur entre désespérance et soumission et que très vite on y prend goût. Cette déclaration d’amour à la cantonade est très intéressante dans cette façon de tenir la stricte ligne qui sépare le déhanchement de cette pornographie qui pourtant en constitue la principale turbine… Magnifique cette intériorité qui fait la nique au tube italo-disco et disco house sans laisser apparaître la moindre trace de vintage. Tout simplement un petit miracle.
visuel : faon-faon de (c) Mariel