
Mort d’Anita Pallenberg – égérie des Rollling Stones
Les causes de son décès sont encore inconnues, mais gageons qu’elles ne le resteront pas longtemps, Anita ayant toute sa vie eu le chic de jouer avec la théorie du complot et les manifestations surnaturelles. Styliste, mannequin, actrice, celle qui fut l’une des compagnes les plus emblématiques du guitariste Keith Richard est décédée hier soir. Elle avait 73 ans.
Née en janvier 1944 d’un père italien et d’une mère allemande, Anita Pallenberg appartient à cette génération de l’après-guerre qui va devenir le porte-voix de ce qu’il est convenu d’appeler la génération pop. Inspiratrice du style des années 60, grand chapeau cloche et regard cendré, inspiratrice des looks “girly” restés dans l’histoire (Janis Joplin, Stevie Nick et, finalement Kate Moss), Anita est surtout cette fée clochette dopée à l’héroïne qui incarnera ce qu’il y a de plus féminin chez les Rolling Stones, à la fois la trouble obscurité de la défonce (“Sister morphine”) et son extraversion sexuelle (“Stray cat blues” ?). Fille libérée c’est-à-dire doté d’un foutu caractère (“most remarkable woman” a déclaré Keith Richard sur Twitter) mais également “fille à zikos”, elle fréquentera successivement Brian Jones et Keith Richard dont elle aura trois enfants (Tara, la cadette, succombera à l’âge de 10 semaines) après une incartade avec Mick Jagger lors du tournage du film Performance (scène culte où les deux acteurs font l’amour en vrai … à l’époque le porno en tant que catégorie juridique est encore flou).
Avec les chanteuses Nico (décédée en 1988) et Marianne Faithfull, Anita forment ce trio un peu diabolique, presque ” Mansonien” qui concentre tout ce que la révolution du féminisme allait apporter à Madame tout le monde : le droit au plaisir, le droit à la folie aussi. Par contraste, elle est aussi le produit de ce que la société des hommes (en l’occurrence celle des “pierres qui roulent”) a bien voulu concéder aux femmes des années 60 qui n’avaient peut-être pas d’autres issues que de se positionner en conseillères occultes, entre magie noire et “intoxication” sexuelle, pour espérer se faire une place dans la grande Histoire. Contrairement à ces « sœurs», Anita ne laisse pas vraiment d’œuvre au sens académique du terme même si partout son influence est clairement attestée dans ce qui a fait le lifestyle et les directions artistiques choisis par les Stones tant que ceux-ci compteront encore (pour faire simple, jusqu’à l’album Some girls, 1978). Pour autant, elle ne sera pas de celles qui se laisseront emporter par le backlash des années 60 et se maintiendra, jusqu’au bout, “sur la photo” de la pop music. A jamais, elle restera « cette dure à cuire (…) qui nous a appris à nous conduire en homme» comme le disait encore Keith Richards.
Visuel : ©miriam-assai CC