
“Toutes les femmes sauf une” au Théâtre de la Flèche
Au théâtre La Flèche, Florence Lecorre défend avec brio une pièce inspirante de Maria Pourchet, Toutes les femmes sauf une, dans une mise en scène de Mikaël Délis.
Cette pièce qui a remporté le prix du journal Le Monde et le prix de la révélation de la Société des gens de lettres pose la question de l’héritage matrilinéaire.
Un dette éternelle
Dans une maternité, une femme épuisée, sous perfusion. Elle vient d’accoucher d’une fille, Adèle, et contemple le berceau, entre amour, colère et désespoir. Quelque chose la terrifie au point de la tenir éveillée, de s’interdire tout repos : la loi de la dette intergénérationnelle. De génération en génération, les femmes de sa lignée transportent la blessure de leur condition dans une chaîne désolidarisée, sans merci, où chacune paye l’ardoise de la précédente. Cette dette semble insurmontable, elle imprègne tout. Comment obtenir quitus de cette dette. Comment être cette femme qui renverserait la table enfin rase du passé de soumise, de complaisante au patriarcat et parfois même supplétive. La question vient de loin. Que seraient devenues les femmes de la maison de Bernarda Alba si la veuve avait voulu déroger à la loi du mari mort ?
Cardinale Florence Le Corre
La besogne et le projet sont immenses. La mise en scène imaginée par Mickaël Délis se concentre sur la comédienne. Quelques bandes de lumière viennent soutenir le geste. L’édifice tient en l’énergie de la comédienne à la diction parfaite. Elle galvanise la salle. Sa présence envahit le plateau. Son sourire veut nous réconforter, tandis que ses mots inquiètent. Elle défend tout, les peurs, les espoirs et la minutieuse élaboration de l’impossible autopsie du sexisme. Autopsie impossible car il est toujours vivant, car les phrases des mères résonnent encore chez les filles.
Il faut voir cette pièce et la revoir et la revoir encore.
- Toute les femmes sauf une, de Marie Pourchet, publié aux éditions Fayard, adaptation: Florence Le Corre, mise en scène :Mickaël Délis, avec Florence Le Corre, scénographie: Vincent Blot, lumières: Alexandre Dujardin, durée : 1h05. Théâtre La flèche
Visuel : Affiche