
Weber, un Flaubert impressionnant au Théâtre de l’Atelier
Au Théâtre de l’Atelier, Jacques est Gustave et Gustave est Jacques : un Flaubert mythologique incarné par l’impressionnant Weber.
[rating=4]
Déjà monté en 1996 et en 2008 sous d’autres titres, le texte d’Arnaud Bédouet fait toujours son effet. S’inspirant librement de la truculente correspondance de Flaubert, l’auteur s’attaque au ventre de l’ogre, franchement, et fait resurgir de l’image affadie qui colle à tout classique, le géant de chair et d’humeur qu’il était. Le corps des femmes, la beauté vraie, l’orage, la littérature, les fleurs de son jardinier, rien n’échappe à un appétit qui ne peut s’assouvir.
En brocardant la mièvrerie des poètes romantiques ou les ornements des maisons bourgeoises, la voix de Flaubert interpelle par son actualité. Il faut lutter, toujours, contre le diktat des émotions empruntées, le beau chic et bon ton. Mais apparaît surtout devant nous la solitude du génie, de l’homme qui voit tout et qui voudrait tout dire. Le désespoir face à l’infini ne trouve de solution que dans la colère : au fond, il jalouse ceux qui ne voient rien.
Dans ce tableau, Jacques Weber est magistral. Pendant une heure trente de monologue, il déploie toute la grandeur de la figure qu’il incarne. Mais l’identification est peut-être trop parfaite : Jacques finit par lasser, comme Gustave radote et balance entre colère et ennui désespéré.
Visuel : Kim Weber
Jusqu’au 31 décembre, du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h30 au Théâtre de l’Atelier.