
Une Chance inestimable au théâtre des Béliers Parisiens : une comédie originale et décalée de Fabrice Donnio
Partons d’un sujet sérieux – un homme s’apprête à mettre fin à sa vie – et transformons-le en sujet à rire. Pendant un peu plus d’une heure, le temps est arrêté et 3 anciens suicidés viennent sur terre tenter de convaincre notre héros de ne pas passer à l’acte. Dans quel but ? Gagner un point ! Au bout de 7, ils ont enfin le droit de se réincarner.
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Cependant, ce ne sont pas trois morts inconnus qui arrivent sur scène mais bien trois célébrités : Cléopâtre, Hitler et Gérard de Nerval. Trois caractères très forts et qui s’équilibrent parfaitement. Ces trois personnages et leurs interactions donnent tout le rythme à la pièce. Ils se taquinent, se cherchent, s’influencent… Et très souvent ne se comprennent pas !
Le texte fait de nombreuses références à l’Histoire, se moquant ainsi des connaissances inégales des personnages qui sont perdus. Événements ayant pris place après la mort de Cléopâtre, inventions créées après De Nerval… tous ces éléments sont autant de clins d’œil au public régulièrement pris à parti. Lui seul sait que le héros ment lorsqu’il raconte à Hitler sa version de la fin de la seconde guerre mondiale. Il rit tranquillement sur son siège et se garde bien de révéler la vérité au dictateur catastrophé.
Les quatre acteurs sont très bons et soutiennent l’écriture à merveille. Mention spéciale à Alain Bouzigues en Hitler grognon et boudeur et Guillaume Bouchede en Gérard de Nerval léger et philosophe. Chez les deux autres personnages, les émotions sont parfois trop caricaturales mais cela n’empêche en rien d’accrocher à l’histoire. Les décors et la mise en scène sont simples et épurés mais fonctionnent très bien, permettant aux acteurs de laisser libre cours à leur jeu débridé.
Une pièce intelligente et originale qui joue jusqu’au 31 mars.
Une Chance inestimable, de Fabrice Donnio, mise en scène : Arthur Jugnot & David Roussel, avec Guillaume Bouchède, Alain Bouzigues, Fabrice Donnio et Marie Montoya.
Gabrielle Huet