
La veuve Choufleuri, le retour en force de l’opérette.
La veuve Choufleuri se jouera au Festival Off d’Avignon 2017 aux CORPS SAINTS à 15H50.
Nous pensions que l’opérette était passée de mode, que ce genre avait disparu pour toujours. Nous nous sommes trompés. Alexandre Bussereau, Romane Coumes et leur troupe ‘Les chasseurs s’entêtent’ sont bien décidés à ressusciter et à renouveler, afin de nous faire découvrir, ou redécouvrir ce style considéré désuet et ringard.
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La troupe a choisi Offenbach, évidemment. La Veuve Choufleuri (dans cette adaptation, la veuve remplace le mari. La version originale de 1861, s’appelait “Monsieur Choufleuri restera chez lui le…”) est une des œuvres les plus comiques d’Offenbach. L’intrigue est simple : une fille impose son amant à sa mère en la faisant participer à une imposture. C’est du Molière. Avec un narrateur en loufoque tête de cerf, un inévitable domestique sautillant et un cabotinage permanent, on est dans le vaudeville.
Le genre impose un humour de carabin. La grivoiserie n’est jamais loin, mais toujours bon enfant. Les rires du public, et l’on rit beaucoup, sont francs et clairs. La chanson Pedro possède une guitare bien bizarre est une perle de drôlerie. Il y a aussi de l’esprit dans cette pièce. La veuve Choufleuri donne une soirée chez elle pour impressionner le Tout-Paris. Elle promet un concert d’opéra. Sans budget ni entregent la mère la fille et l’amant se travestiront en chanteurs italiens pour donner le concert promis. Le stratagème fonctionne et les invités n’y voient que du feu croyant même reconnaître Maria Callas; pour nous aussi ça fonctionne et nous saurons pourquoi. Le point d’orgue de l’intrigue est ce récital. Les acteurs prétendent être des personnages qui prétendent être d’illustres chanteurs italiens. L’intrique du vaudeville se joue et se dénouera dans ce faux semblant.
Qui ment au théâtre? L’acteur bien sûr, car il ment toujours à se grimer et à s’habiller pour donner vie à son personnage; nous aussi, les spectateurs, nous mentons à y croire et à en rire. Dans cette bouffonnerie d’Offenbach les personnages qui mentent aussi se déguisent en d’autres personnages tout aussi imaginaires. Le talent de la troupe déclenche le rire, et le rire tient la construction imaginaire soutenant ce que nous ne voulons savoir. Seule la tête de cerf, le narrateur, s’époumone à nous avertir en vain que La Callas est morte. Car c’est ici la force de cette farce. La force du texte d’Offenbach et de la performance éclatante de la troupe nous donne à comprendre que le seul qui sait ne pas mentir reste l’auteur.
Le décor est flamboyant, les jeux des acteurs drolatiques. La joie circule. L’implication de chaque comédien-chanteur est remarquable, un bravo appuyé à Romane Coumes qui mérite à elle seule les 70 minutes si vite passées. Madame Choufleuri cabotine : Protéger les arts alors qu’on n’en a rien à faire, c’est sublime ! Quant à nous, découvrir du sublime par de l’opérette est épatant.
L’opérette revient pour une date unique au Théâtre du Gymnase Marie Bell (Grande Salle) le Lundi 10 Avril à 19h00.
Auteurs : Jacques Offenbach – M. de Saint Rémy. Avec : Marie Nadège BARTHAZON, Alexandre BUSSEREAU, Romane COUMES, Anthony FERNANDES, Renaud GALLISSIAN, Quentin WASTEELS, Ornella PETIT, Amélie SAIMPONT.
Visuel : DR