
Off d’Avignon : les “Heroe(s)” lancent l’alerte à la Manufacture
C’est l’histoire de trois gars qui ne savent pas quoi faire le lendemain, le jour d’après. Ce 14 novembre-là. Comme Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin sont metteurs en scène, ils ont pensé un spectacle, une résistance à leur façon.
Ces trois-là sont connus des services. Philippe Awat de la Cie Le Feu Follet, a créé Pantagleize, Le Roi Nu, La Tempête, Ma mère m’a fait les poussières… Guillaume Barbot, Cie Coup de Poker, Club 27, Nuit, On a fort mal dormi, Amour… Victor Gauthier-Martin, Cie Microsystème, Gênes 01, Docteur Faustus, Round’up, Sous la glace… Ils se sont rencontrés lors d’une résidence au Théâtre de Chelles et semblent être amis, à la vie, à la mort. Régis Royer campe le rôle de Victor jusqu’au 14. Pierre-Marie Braye-Weppe les accompagne à la musique.
Au commencement, ils ont l’idée d’un projet fou, un spectacle déambulatoire de près de trois heures, portables et sacs interdits. Des points de rendez-vous sont posés dans tout Avignon. C’est drôle, et cela donne très envie. L’idée de War and Breakfast, nom du projet initial, est de questionner le mot “Guerre”. Mais voilà que la réalité dépasse la fiction. Les terrasses, le Bataclan… le froid net sur Paris vide, prostré, et la peur, panique, tout le temps au moindre pétard. Eux comme nous vivons comme cela depuis que “ça” a basculé. “Ca”, c’était la paix. Alors, quoi faire ?
Un jeu direct, sans emphase théâtrale
Ils se mettent à table, l’un cuisine un peu. Et ils enquêtent, cherchent sans trouver de quoi alimenter leur spectacle. Échec total jusqu’au jour où le sujet se décale. Et si l’ennemi ce n’était pas les terroristes mais ceux qui les financent ? Ils s’intéressent alors aux évasions fiscales et découvrent qu’il est bien trop facile d’ouvrir un compte offshore.
Le jeu est direct, sans emphase théâtrale. Ils nous parlent, en leur nom, et nous font partager leurs avancées. Ils sont incollables sur les “Panama Papers” comme sur les “Paradise Papers” et nous font réaliser à quel point les lanceurs d’alerte sont des héros, dont les missions vont être compliquées par la loi sur le secret des affaires qui impose le silence à la presse sur des sujets sensibles. Heroe(s) est le récit de leurs recherches, très journalistiques. Cela ne changera pas l’état du monde, mais permet, et c’est déjà bien, de le regarder en face.
Du 6 au 26 juillet à la Manufacture – centre ville – 1 h 15.
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Visuel : ©Microsystème