
“Hallo” de Martin Zimmermann au Théâtre des Abbesses, la mise en scène de soi
Au Théâtre des Abbesses, du 16 au 29 avril, se joue la création Hallo de Martin Zimmermann. À la fois metteur en scène, comédien, et chorégraphe, l’acteur a entièrement réalisé ce projet et allie son goût pour la décoration à sa passion pour les arts du cirque. De manière drôle et incompréhensible, il donne vie aux différentes façon d’être soi, d’être l’autre, d’être personne et tout le monde à la fois.
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La mise en scène est formidable et ingénieuse. Les décors se meuvent et les portes s’ouvrent et se claquent de façon à rendre des espaces confinés aérés. L’homme est, sans cesse, obligé de se tortiller pour évoluer pleinement sur scène. Ce jeu donne lieu à des scènes drôles et cocasses, évoquant ainsi certains cartoons. L’art des clowns n’est jamais très loin. C’est un homme perdu qui monte sur les planches pour finalement s’enfermer dans une sorte de placard rampant sur le sol. Ainsi se fait la découverte de l’univers de Martin Zimmermann. Parfois, le Suisse se moque et dénonce. Quelle est l’utilité d’effectuer un solo de batterie caché derrière des planches ? À quoi sert de prendre la pose lorsque les décors s’échappent ? C’est bien le regard qui interroge cette façon d’être soi.
Qui sommes-nous ? Après tout, nous ne sommes que des humains dont le quotidien se ressemble. En effet, il reste bien difficile de passer l’aspirateur, sans dégâts collatéraux, à travers les quatre pieds d’une chaise. Pour tous, la vie n’est qu’un long voyage. Il la représente et marque les instants de folie, bien trop souvent pathologiques. Ce sont ces instants, du spectacle, qui embrouillent le spectateur et transforment la performance comique en schizophrénie théâtrale, angoissante et gênante. L’acteur impose son univers, fait ce qu’il veut de manière anarchique. La scène est son monde et le public subit. Sans prendre garde à l’autre, il se fait soi comme il l’entend. Comme disait Erving Goffman, les individus ne sont que des acteurs dont le but n’est autre que de ne pas perdre la face. En solo, le comédien prend le pendant du sociologue américain et métamorphose la scène en un monde où tout est possible. S’il veut crier, il crie ! S’il veut pleurer, il pleure ! S’il veut rire, il rit ! Il veut, donc, transmettre des émotions mais sans contexte, le spectateur est confus.
C’est donc l’impression que Martin Zimmermann partage son univers, sans se soucier de l’autre, qui gagne à la fin de la représentation. L’intention est louable, honnête et rythmée par une très bonne mise en scène, à la fois visuelle et musicale. Seulement voilà, sans réels indices dévoilant le but de son voyage, la connexion se perd.
Du 16 au 29 avril au Théâtre des Abbesses.
Visuel : Affiche du spectacle