
Les geishas acidulées de Fanni Futterknecht à l’Etrange Cargo
Étrange vous avez dit étrange ? Cela tombe bien, puisque c’est justement la mission de l’Étrange Cargo. Et Fanni Futterknecht ne pouvait pas penser spectacle plus adapté à la salle immaculée de la Ménagerie de Verre : Across the White
Trois personnages très inspirés des Opéras Chinois vont tour à tour se questionner sur la réalité du blanc d’une façon très particulière. Fanni Futterknecht était artiste en résidence au Récollets à Paris en 2015 et sera l’année prochaine en résidence à Tokyo grâce à une bourse du ministère de la culture autrichien. Son travail est performatif, elle installe des situations et les manipule. Sur scène, trois créatures, toutes masquées, au sexe indéterminé. Costumes molletonnés exubérants, barbe ou moustache à la fausseté évidente. Eux sont le choc coloré au milieu du blanc.
Fanni Futterknecht travaille la question de l’impact de la couleur, au festival New Settings 2016, elle proposait I wish i could speak in technicolor. Cela en fait l’héritière directe de Klein et bien sûr de Malevitch. Le blanc est ici vu comme un “vide”. Les voix sont décalées, exactement comme dans un programme pour enfants. Elle s’amuse à déployer une non-histoire dont le climax est l’apparition de cubes en mousse colorés et géométriques. Les perfomeurs ( Evandro Pedroni, Raul Maia et Fanni Futterknecht) se déplacent comme des geishas semblant glisser sur le sol, l’air toujours étonné.
Across the White interroge finalement avec humour et folie la question du récit. Comment faire surgir une attente, comment captiver une attention ? Le geste des danseurs, lent et géométrique vient insister sur un acte très plastique. Ce travail très seventies nous replace dans les univers psychédéliques où la forme vient questionner le fond dans une proposition étrange qui ne laisse pas indifférent.
Visuel ©Magdalena Fischer