
GIULIO CESARE AU PALAIS GARNIER : UNE REPRISE TOUTE EN VIRTUOSITÉ
Par David Desvallées
Servie par une distribution impeccable, la reprise de Giulio Cesare vient ponctuer la fin de la saison 2012-2013 à l’Opéra de Paris. Emmanuelle Haïm confirme sans faille son magistère dans le répertoire baroque.
A la tête du Concert d’Astrée qu’elle a fondé en 2000, celle que la presse musicale anglo-saxonne surnomme « Mrs Dynamite of French baroque » laissera – à n’en pas douter – son empreinte parmi les différentes versions existantes de cet opéra seria emblématique, notamment dirigé par René Jacobs en 1991, avec Jennifer Larmore (c’est la version de référence qui s’est imposée), ou par William Christie en 2005 au festival de Glyndebourne avec Sarah Connolly dans le rôle-titre. L’ébouriffante direction musicale d’E. Haïm fait revivre la magnificence de l’ouvrage, où la profusion des arie requiert une virtuosité aboutie dont l’ensemble des chanteurs ont fait montre.
Éblouissant héros haendélien après avoir interprété moult fois le rôle, Lawrence Zazzo est Jules César. Son timbre exceptionnel et la sincérité de son jeu d’acteur crédibilisent l’image d’un empereur conquérant, noble et vertueux. Mention spéciale pour la doublure de Sandrine Piau : la soprano sud-coréenne Yun Jung Choi (lauréate du concours d’entrée de l’Atelier lyrique en 2002) triomphe en Cléopâtre. C’est une reine bondissante, espiègle et touchante, aux antipodes des représentations hiératiques habituelles de Cléopâtre, mythifiée par l’Occident. Yun Jung Choi respire ici la fraîcheur d’une égérie, à qui une belle carrière semble déjà promise… Quant à Karine Deshayes, on ne peut que saluer la puissance vocale au service de la fureur et la vengeance de Sesto.
Seule ombre au tableau : la mise en scène signée Laurent Pelly prend le parti d’une audace peu inspirée en situant l’œuvre dans les sous-sols d’un musée, ou à proximité d’un grand chantier archéologique où les personnages prennent vie… Intriguant. Des allées et des venues, en pagaille, à grand renfort de figurants pour occuper l’espace et ne jamais perdre son spectateur en cours de route. L’intention serait louable si le manque de poésie des lieux ne finissait par lasser.
Jusqu’au 18 juin 2013 au Palais Garnier, à 19h.
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