
Balthazar, une histoire d’âne pas si bête
Directeur artistique de La Scène Watteau et metteur en scène prolifique, Nicolas Liautard monte aussi bien Kafka, Sophocle, Gogol, Molière et Bergman sur les grandes scènes nationales sans pour autant oublier le jeune public pour lequel il a revisité une Blanche-Neige et devant qui il présente au Théâtre Paris-Villette, en partenariat avec le Théâtre de la Ville, Balthazar, sa nouvelle création d’une maîtrise et d’une beauté époustouflantes.
Un âne, véritable animal-performeur dans un cirque décati, bouge en scène et se met à parler avec une voix humaine. Il se plaint du mauvais sort réservé à sa nature injustement déconsidérée. Un homme, petit enfant timoré et solitaire qui a grandi à la ferme avant de devenir projectionniste dans un vieux cinéma, a plongé dans un mutisme total. Le garçonnet qu’il fut était mauvais élève et souvent traité de bête. Collectionneur et passionné de films, auteur de petites histoires qu’il écrit dans un cahier, il sourit à la vie.
Le propos du conte à la fois drolatique et délicat est soutenu par une forme visuellement enchanteresse. Dans un espace sans couleur, uniformément blanc cotonneux, se mêlent l’étrange, le loufoque et l’onirisme, et se donnent à voir, à la manière de tableaux vivants, des images, des situations, aussi elliptiques que mystérieuses, qui mettent en scène l’homme et l’animal dont les comportements se confondent.
Dans le cadre de « Little Villette », une programmation de spectacles inaugurée en mai dernier et dédiée aux enfants, seront donnés dans la saison, au théâtre ou sous chapiteau, une lecture inédite de Poil de Carotte signée Silvia Costa, Hikikomori, l’expérience immersive, visuelle et auditive de Joris Mathieu, L’Appartement à trous, le récit-performance du plasticien Patrick Corillon, puis, le cirque en ombres du Teatro Gioco Vita, un conte philosophique pour la jeunesse intitulé Kant, et enfin, la première parisienne du Teatropersona avec son spectacle à succès Le Prince Minuit.
Photo © robertdeprofil.