
L’humour en mots de Michaël Hirsch triomphe au Studio Hébertot
Pourquoi? se jouera au festival d’Avignon off 2017 au ROI RENE à 11H45.
Après avoir séduit son public aux Déchargeurs (voir notre article) et revu son spectacle pour le Festival d’Avignon, c’est très rôdé et en grande forme que Michaël Hirsch propose son stand-up dans le cadre élégant du Studio Hébertot. Un spectacle comique à la fois brillant et tendre, où les mots et la vie prennent beaucoup de place, laissant juste le bon espace au nombril et à l’identité pour partager la scène d’un “Pourquoi?” magistral.
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“Pourquoi?”. Le spectacle commence sur la question qui sert de titre et d’étendard à la série de sketchs que Michaël Hirsch nous propose. Et le comédien passera en revue tous les âges de la vie, de la petite enfance à la trentaine en arrivant à la vieillesse au crible de cette question à la fois dérangeante et vivante. Son héros sympathique est donc un homme aux qualités étonnament stables tout au long de son destin : il aime rester au lit, il souhaite éviter de travailler, mais est toujours le premier à se battre pour son idéal et à poser les questions qui fâchent… Les épisodes se suivent, emmêlés comme des pelotes aux bons mots joués et malaxés : père et fils discutent sans tabou, se tourner les pouces permet de présenter une expo d’art contemporain avec les mains, l’on part faire un tour de tous les métiers possibles, pleins de sens et d’absurde selon les lieux de France où ils s’exercent et un avatar hirschien du commandant Cousteau raconte sa guerre des étoiles et des sommiers à la tête des “homo ça pionce”.
Jouant avec les mots et avec nos cerveaux comme un Devos ou un de Groodt, Michaël Hirsch défend un humour cérébral, au dessus de la ceinture en toutes circonstances, où l’absence d’humour sur les clichés identitaire nous offre un peu de vacances. En douceur et l’air de rien, le comédien se moque aussi bien des dictons populaire, qu’il cite Louis Malle et qu’il pastiche Baudelaire, Pascal ou Descartes… Et sous les pavés de langage qu’il bichonne avec brio, le final du “mille patte” (sorte de grand poème politique qui essaie de ne pas se prendre au sérieux) nous révèle le sable fin d’un engagement politique pour le constructif, l’optimisme, le travail de groupe et le désir d’avoir encore et toujours envie de changer le monde. Sans jamais perdre de vue la tendresse.
Si Michaël Hirsch s’insurge contre le dicton “Femme qui rit, à moitié dans ton lit”, indépendamment du sexe, ses spectateurs sont tous entièrement conquis… Un talent à découvrir, faire découvrir et à suivre.