
Les premiers adieux nostalgiques et tendres de Stéphane Guillon à la Pépinière Théâtre
Toujours mis en scène par sa femme Muriel Cousin, Stéphane Guillon fait ses “Premiers adieux”, à 19h, sur la scène de la Pépinière Théâtre. Un spectacle que l’aspect rétrospectif n’empêche pas d’être délicieusement caustique, à voir avant le 13 avril.
Guirlandes et cotillons, verre presque “corporate”, après 28 ans de scène, l’humoriste fait ses premiers adieux. Nous sommes ravis de le retrouver : Nous ne l’avions pas vu sur scène depuis l’excellent Modi de Laurent Seksik en 2017.
Avec un souci rétrospectif qui permet de brasser des pages sombres de notre histoire sociale et politique récente, Stéphane Guillon évoque la manif’ pour tous, l’Affaire DSK, une photo de BHL en Afghanistan, les attentats de Charlie Hebdo et l’affaire du petit Grégory. Mais il parle aussi de Brigitte Macron et des gilets jaunes. Il n’hésite pas à fustiger la France « en marche » et ses personnages des plus hautes sphère, comme une comédie humaine trop pâlichonne pour lui servir de source d’inspiration.
Première raison majeure pour faire ses premiers adieux : le personnel politique ne l’inspire plus. Deuxième raison qui motive l’au-revoir : Aujourd’hui en France, il n’est plus possible de rire de tout. « Pour être humoriste, maintenant, il faut avoir une formation de steward », explique-t-il en nous montrant les sorties de secours au parterre et au balcon, au cas où un bon mot choque dangereusement un membre du public.
Bien sûr, fidèle à son habitude, l’humoriste lève la main et balance néanmoins des horreurs d’humour noir avec audace, vitesse et à propos. Et il a le courage de mentionner absolument toutes les affaires qui ont pu faire scandale et, pour certaines, lui porter préjudice. On retrouve également l’excellent imitateur qui n’est jamais autant lui-même, que lorsqu’il se cache derrière la voix et les mimiques d’un Guy Bedos ou d’un photographe de mode.
Enfin, il faut noter avec tendresse que ces adieux réellement nostalgiques ne sont jamais meilleurs que lorsque Guillon se concentre sur l’intime : le fait d’avoir 50 ans, no man’s land de l’âge, l’évocation de sa tribu de sept enfants dans une famille recomposée ou l’idée inaugurale de venir d’une famille trop privilégiée, ont des accents de vie, de quotidien, de petites blessures longtemps portées, qui donnent un sel particulier à ce spectacle très humain.
A 55 ans, c’est peut être Guillon lui-même qui nous fait rire et qui nous touche, plus que son masque d’humour noir, révélateur caustique d’une actualité qu’il a su mettre à distance.
Du mercredi au samedi à 19h, durée du spectacle 1h15, tarifs : 12-45 euros. Réservation : 01 42 61 44 16 ou sur le site de la Pépinière Théâtre.
visuel : affiche du spectacle
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