
Nederlands Dans Theater : un passage de flambeau prometteur
Voilà déjà huit ans que le Nederlands Ballet Theater n’avait pas dansé en France. Un retour poignant sur la scène du Théâtre de Chaillot avec quatre chorégraphes qui se donnent le mot. Chacun doué d’une patte moderne et sensible. Un “passage de témoin” entre le fondateur emblématique du ballet, le Tchèque Jiri Kylian et les nouveaux directeurs de ballet Crystal Pite, Sol Leon et Paul Lightfoot.
On commence par la fin, “Shoot the moon”, de Sol Leon et Paul Lightfoot relate trois scènes distinctes mais liées par des relations humaines. Un décor mobile original et captivant plane sur une composition musicale de Philip Glass. La musique répétitive aux notes mélangeant espoir et désespoir porte les six danseurs de la pièce dans un univers en tension. C’est avec cette gestuelle torturée et spectaculaire qu’on admire le talent de la troupe, dans laquelle une grande maturité prend racine. Les couples se détruisent et se forment, on y voit les maux de la vie quotidienne entre ennui, frustration et découverte. Une réussite que le public n’a pas manqué d’applaudir abondamment.
Les deux premières chorégraphies ont une couleur mystérieuse et irréelle. “Mémoires d’oubliettes” de Jiri Kylian marque en 2009 la fin de sa collaboration avec la compagnie. Elle alterne entre douceur et violence. Dans une mise en scène dynamique et froide, les danseurs donnent par moments l’impression de flotter. La force énigmatique du ballet est encore une fois soutenue par la grande qualité des danseurs.
“Solo Echo” de Crystal Pite a l’accent céleste. Ce ballet encore plus épuré met en valeur la danse harmonieuse de la troupe. Une pluie de paillettes accompagnée de la musique de Brahms, grave et sombre, laisse l’impression d’un rêve éveillé.
La troupe semble toujours faire vivre la création de ses quatre chorégraphes symboliques. On espère les retrouver rapidement !
(c) Joris Jan Bos