
Carolyn Carlson et Bartabas dansent avec les chevaux
Bartabas et Carolyn Carlson s’unissent pour chorégraphier We were horses où les danseurs du Centre Chorégraphique National de Roubaix dialoguent, du 7 au 23 juin à La Vilette avec les écuyers de l’Académie du spectacle équestre de Versailles.
La file d’attente est immense à La Vilette, Bartabas et Carolyn Carlson sont très aimés du public. Une fois dans la salle, l’immense dispositif bi-frontal impressionne, les spectateurs seraient presque face à un miroir, au centre, un sol noir et une machine dansante.
La salle pleine, le spectacle commence, le premier tableau est d’une poésie et d’une force rares, un cavalier et son cheval habités dansent sur du sable noir face à des danseurs sur un cercle comme une grande souche de bois fraichement coupée, un promontoire pour danseurs. Le silence, les crissements des pas, le souffle, le mouvement dansé, inégalable du cheval rendent le moment magique et le temps suspendu.
Les chevaux de Bartabas et son travail unique sont à eux seuls un corps de ballet, la rencontre avec les danseurs de Carolyn Carlson n’est pas le choix de la facilité comme toujours chez ces artistes passionnés, toujours au travail, jamais dans la satisfaction de réussites éphémères. La musique de Phillip Glass prend l’espace, forte, répétitive, tellurique, en forme de boucles à la limite de la transe et il faut bien l’avouer de l’insupportable.
Les chorégraphies sont belles, le corps de danseurs, des chevaux et des cavaliers sont poussés à l’extrême, les animaux se meuvent en Hommes et les danseurs en chevaux, une sensualité transpire, la beauté est pour l’œil mais la musique envahie l’imaginaire, trouble la tentative de rencontre, prend un espace idéalement vide. Le silence du début eut été préférable tout le spectacle. Les costumes un peu désuets sont oubliés rapidement pour laisser place à la danse, aux prouesses physiques et rythmiques des Hommes chevaux et des danseurs animaux.
Chaque tableau est finement chorégraphié, du minuscule geste à l’immense mouvement, du premier pas à la dernière course, les tableaux s’enchainent et la musique revient hélas toujours, dès qu’elle s’arrête l’espoir de silence et de légèreté revient comme un rêve, mais le réel des notes et du son trop fort revient au galop. La grâce et le travail inimaginable des danseurs à quatre ou à deux pattes sont à saluer par tous, la musique, une tentative de rencontre risquée, au bord de la chute comme le destin parfois tragique.
Les chevaux installés à la Grande Halle de la Villette pour trois semaines sont à admirer par les petits et les grands et le matin, le public, peut assister aux échauffements des écuyers.
Visuels : (c) Autorisation Villette