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Bloodywood  “Nu Dehli” : une claque sonore aussi bigarrée qu’explosive !

Bloodywood “Nu Dehli” : une claque sonore aussi bigarrée qu’explosive !

20 May 2025 | PAR Jean-Christophe Mary
Le groupe indien Bloodywood signe avec Nu Delhi un second album d’une redoutable efficacité. Entre métal rageur et influences traditionnelles, un métissage audacieux qui mêle la puissance des riffs occidentaux à l’intensité d’un héritage musical séculaire.
 
Ils auraient pu n’être qu’un phénomène internet de plus, lancés sur YouTube à coup de reprises métalliques décalées de tubes bollywoodiens. Mais Bloodywood a su transformer l’essai, imposant un style unique et une signature sonore immédiatement reconnaissable qui entend réveiller les consciences et secouer les cervicales. Porté par une instrumentation dense, une batterie martiale et des envolées de flûte et de percussions indiennes, le disque affirme une ambition : celle de faire dialoguer tradition et modernité, colère sociale et rage musicale. Composé de Karan Katiyar (guitare, flûtes, production), Jayant Bhadula (chant) et Raoul Kerr (rap), le trio s’est d’abord fait connaître par des reprises metal de chansons pop sur les réseaux sociaux, avant de se tourner vers la composition originale. Leur premier album studio, Rakshak (2022), mêle nu metal, rap metal et folk metal, intégrant des instruments traditionnels indiens tels que le dhol et la flûte, avec des paroles en anglais, hindi et pendjabi . Leur deuxième album, Nu Delhi, sorti le 21 mars 2025, rend hommage à la scène musicale de Delhi, d’où le groupe est originaire. Selon Jayant Bhadula, “Nous avons toujours essayé de défendre des choses qui nous tiennent à cœur. Avec Nu Delhi, nous voulions faire savoir au monde qu’il existe une scène musicale florissante – pas seulement metal – en Inde, qui est à la hauteur de ce qui se passe dans le monde” .
Dès l’ouverture ça démarre fort avec “Halla Bol”  traduisez : « Faites du bruit ». Avec son chant scandé façon meeting sous tension, ce titre est un hymne de marche guerrière, un appel à l’insurrection, soutenu par des beats lourds et une guitare au tranchant acéré.  Sur le second titre “Hutt” sorte de canevas rap-metal, le trio injecte une énergie dansante avec des sons électro, un beat trap déguisé en percussion tribale et une flûte entêtante. On dirait  du Rage Against The Machine passé à la moulinette Bollywood. Dhadak se déploie entre couplets scandés et ballade pop où les voix se superposent sur ligne mélodique avant de retomber sur un refrain plus dur façon Linkin Park. Sur “Bekhauf”, le trio invite les Japonaises de BABYMETAL pour une collaboration survoltée, qui explose les frontières musicales. D’un côté, les growls et les beats indiens, de l’autre, les voix kawaii de Suzuka Nakamoto et Moa Kikuchi. Le morceau combine des éléments de metal moderne et de musique traditionnelle indienne, avec des paroles en anglais, hindi et japonais. Cette alchimie sonore fonctionne à merveille. Ballade engagée, “Kismat” revient à un ton plus introspectif.  “Kismat” est un morceau introspectif qui explore le thème du destin à travers des couplets entre hip hop et voix gutturale et de sons électro inspirés du folklore indou.  La montée en tension du morceau est progressive, jusqu’à une libération sonore quasi cathartique. Avec “Daggebaaz” (Deceiver), retour à la mitraille sonore, au metal le plus cru, agrémenté de flûtés, de percussions folkloriques qui donnent au morceau une teinte rituelle. Ici ça tape fort, vite, sec. Le texte, hurlé et rappé, cible les politiciens corrompus, les menteurs, les figures du pouvoir et attaque frontalement les puissants.  C’est un coup de gueule d’une franchise brutale, un uppercut en plein ventre. Dansante, savoureuse, “Tadka” est une chanson festive autour des épices et des plats indiens maison, un titre qui raisonne comme un hymne à la fierté culturelle et à l’identité indoue. Rythme chaloupé, percussions carnavalesques, on y sent l’odeur du curry jusque dans les amplis. Ce titre est un ovni, mais un ovni qui fait du bien. L’album se clôt sur “Nu Delhi”, un titre plus traditionnel qui sonne comme une déclaration  d’amour métallisée à la ville natale du groupe. Ce titre est une synthèse de tout l’album, entre rage, chaos et tradition.  Fusionnant avec une insolence jubilatoire les guitares saturées du metal moderne, les percussions traditionnelles indiennes, des flûtes orientales et des lyrics mi-hindi, mi-anglais, Bloodywood livre un disque engagé, énergique et résolument festif. Une claque sonore aussi bigarrée qu’explosive qui positionne le trio comme un acteur majeur de la scène metal mondiale. Qu’on se le dise !
 
Jean-Christophe Mary
 
« Nu Delhi “ (Fearless / Concord Records).
 
01 – Halla Bol (Raise Your Voice)
02 – Hutt (Move)
03 – Dhadak (Heartbeat)
04 – Bekhauf (Fearless) (feat. BABYMETAL)
05 – Kismat (Destiny)
06 – Daggebaaz (Deceiver)
07 – Tadka
08 – Nu Delhi
 
 
 
 
 

 

 

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