![[Live Report] : « Le Messie » de Händel par Emmanuelle Haïm et le Concert d’Astrée](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2013/12/Le-messie-c-S-Fowler-410x219.jpg)
[Live Report] : « Le Messie » de Händel par Emmanuelle Haïm et le Concert d’Astrée
Les œuvres sacrées ponctuent la saison du mélomane, avec deux temps forts, naturellement : Noël et Pâques. Et les passages obligés se nomment l’Oratorio de Noël (ou de Pâques), Les Passions… et Le Messie. C’est cette œuvre que dirigeait, mercredi 11 décembre, Emmanuelle Haïm, avec, sous sa baguette, le chœur et l’orchestre du Concert d’Astrée, ensemble qu’elle a fondé en 2000.
Si Bach est le cinquième évangéliste, Händel est le sixième. Il est amusant de noter, sur un texte assez proche, les différences entre les deux compositeurs. Ainsi que l’annonce de la bonne nouvelle : l’Aria de Bach « Bereite dich, Zion, mit zärtlichen Trieben » sonne profond, sérieux, annonciateur des drames à venir ; à l’opposé, Händel confie à la soprano l’Aria « Rejoice greatly O daughter of Sion », pétillant de joie. Sion se prépare chez Bach et se réjouit chez Händel. Les œuvres sont à l’image de cette comparaison.
Il faut reconnaître à Emmanuelle Haïm un dynamisme hors du commun, même si ce dynamisme rime parfois, sous sa baguette, avec précipitation. Et si les versions lentes sont épuisantes, celle d’Haïm souffre par moment de l’excès inverse. Les voix ne sont pas en cause (mention spéciale pour le jeune contre-ténor Tim Mead, formidable de rondeur), l’excellence du chœur non plus, mais le rythme de mitraillette qu’elle impose finit par peser.
Cependant, ne boudons pas notre plaisir : l’image du concert classique est trop souvent celle d’un plaisir compassé, plongé dans la naphtaline et réservé à une élite coincée. L’amateur sait qu’il n’en est rien, et Emmanuelle Haïm en témoignait ce soir-là. Comme pour le concert anniversaire des 10 ans qu’elle avait organisé en décembre 2011, elle fit reprendre le tube de l’œuvre par la salle. Et entendre un auditoire plus tout jeune s’époumoner en chantant l’Hallelujah était vraiment réjouissant.
Mathieu Orsi
Visuel : Emmanuelle Haïm © S.Fowler