
Keren Ann et le quatuor Debussy – Festival Day Off – Philarmonie de Paris
Premier concert du quatuor Debussy avec la chanteuse franco-israélienne, lundi 2 juillet, dans le cadre du festival Day Off. Des classiques sous influences anglo-saxonnes.
Sur la planète Mars. C’est une première date pour cet attelage un peu improvisé qui se lancera dans une tournée française tout au long du mois d’octobre, ponctuée pour les violoneux de quelques incursions jazz afin de fêter dignement les 100 ans de la mort de Claude Debussy (1862-1918). Hier soir, c’était bien autre chose, on cherchait quelque chose d’inventif dans cette façon transversale de transcrire et même de jouer. On a assisté à un concert bien convenu qui a néanmoins soulevé l’enthousiasme du public venu fort nombreux . Au fond, il faudra attendre la fin, lorsque Keren se lancera seule, sans sa guitare, pour une reprise de “Life on Mars” (David Bowie 1947-2016) pour toucher du doigt ce qui aurait pu être cette « rencontre » entre une chanteuse douée, souvent impeccable et un quatuor aventureux qui pourrait faire autre chose que simplement accompagner…
Old Yellow Moon. Dans un premier temps durant lequel domine un registre country rock, les cordes ponctuent glissando la sentimentalité des compositions, violes façon Frank Sinatra plutôt que re-interprétation à la Emmylou Harris qui avait su transfigurer les compos en 2013 avec Rodney Crowel (Old Yellow moon). Rien à voir me direz-vous, mais si quand même. Avec Keren Ann, on a toujours l’impression qu’elle fait une reprise. Si ce n’est pas Dylan, c’est Joan Baez, si ce n’est pas le Velvet, ce sera Leonard Cohen. Et ainsi de suite. L’entendre parler de New York comme si l’on était en 1969 devient vite pénible. D’autant que les jeux de lumière qui ne cessent de modifier l’espace nous transportent souvent dans une ambiance de Palais des Congrès (sauf que l’acoustique pour le coup est vraiment chouette).
Equation lumineuse.Donc Keren Ann est parfaite, sans doute trop, et il est finalement rare que le concert s’échappe du « plutôt convenu » (sinon ce « Not going anywhere », toujours formidable), et on peut admirer sa capacité à créer un joli son avec peu de moyens sinon une guitare (tantôt électrique, tantôt acoustique) et quelques pédales. Dans ce que l’on pourrait appeler un registre de « conservatoire », la chanteuse posant son équation lumineuse et éthérée, quelque part entre la hargne d’une Sophie Hunger et les trépidations de la Féline, on profite d’une brève parenthèse en français où remontent les souvenirs d’Henry Salvador (« jardin d’hiver ») et le fantôme de Benjamin Biolay. La voix travaille alors plus directement notre imaginaire, peut-être plutôt du côté de Carla Bruni et, dans ses meilleurs moments, de Nicole Croisille. Inattendu mais somme toute logique pour une chanteuse qui vise le classique.
Visuel : © Avatam studio / Philharmonie de Paris