
« Les contes défaits », Oscar Lalo ou le souvenir d’enfance
Pour son premier roman, Oscar Lalo crée un univers très menaçant dans une sorte de 1984 pour enfant qui pointe aussi bien vers le totalitarisme que vers la marque indélébile des traumatismes à l’âge de l’impuissance. Un beau texte, très douloureux à lire.
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Chaque été, ils partent vers une pension où on va les maltraiter. Le départ se fait en train évidemment, et ils ont beau être deux frères et une sœur, aucune union n’est possible contre un système qui abuse de la position de faiblesse des enfants. De la prise de température du matin où on les force à rester cul nu longtemps, à l’embrigadement dans les activités en passant par les cartes postales aux parents dictées par les moniteurs aux enfants, dans un souci de parfaite propagande, les vacances sont totalitaires et laissent des traces indélébile.
Greffant son texte traumatisant dans la veine des dystopies les plus dérangeantes, Oscar Lalo se glisse dans la veine du W de Perec ou Badenheim 1939 d’Aaron Appelfeld pour dresser le portrait d’un univers déshumanisant appliqué aux plus vulnérables des humains : les enfants. C’est insupportable mais cela fait évidemment réfléchir, résonne en chacun de nous sur certains points et devient vraiment touchant dans les passages où l’adulte prend une parole rétrospective et éclatée. Un texte noir et un objet intéressant de cette Rentrée Littéraire 2016.
Oscar Lalo, Les Contes défaits, Belfond, 224 p., 18 euros. Sortie le 18 août 2016.
Visuel : couverture du livre