
“Et j’abattrai l’arrogance des tyrans”, une voix de femme au Moyen-Âge par Marie-Fleur Albecker
“Et j’abattrai l’arrogance des tyrans” sonne comme un programme politique. Dans ce roman historique inspiré, l’héroïne profite d’une rebellion contre le roi d’Angleterre pour exister. Prenant.
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1381. La guerre de cent ans a ruiné le roi d’Angleterre, le jeune Edouard II, qui décide de relever les impôts et démultiplier le temps de service militaire. Les paysans se révoltent et marchent sur Londres. Une femme de 32 ans mariée à un homme plutôt riche et sans enfant les suit. Ce sera l’occasion pour elle de se libérer des carcans et de nous parler de la vie d’une femme du peuple mais aisée au 14e siècle en Angleterre.
Menant joliment le jeu d’alternance entre précisions historiques et voix de l’héroïne, Marie-Fleur Albecker parvient à plonger le lecteur complètement dans la période historique qui l’obsède. Par une voix de femme, elle crée une fil rouge de continuité qui transcende les périodes de l’Histoire pour dire quelque chose de beau, de libre et d’agréable à lire sur la force des femmes, dès qu’elles ont le minimum de ressorts et chances sociales pour vivre pleinement. On se demande à temps si une anglaise du 14 e siècle aurait vraiment parlé d’une voix si moderne et si sœur puis l’on se félicite que le jeu de la fiction permette de se laisser aller de si jolies correspondances. Un roman original, à remarquer et à intercepter pour l’offrir, dans le flot grisant des parutions de la Rentrée.
Marie-Fleur Albecker, Et j’abattrai l’arrogance des tyrans, Aux Forges de Vulcain, 208 p., 18 euros, sortie le 24 août 2018.
Visuel : couverture du livre