
BULLET PARK
d’après l’oeuvre de John Cheever Collectif Les Possédés
dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Ecrivain américain des années soixante, John Cheever est surnommé « le Tchekhov des banlieues ». Toute sa vie, il s’est attaché à dépeindre cette middle class sans histoire. A décrire le déchirement de ses êtres tiraillés entre le carcan de la norme et le désarroi existentiel. Bullet Park en est l’exemple parfait : une banlieue aisée où vivent les Nailles, charmante famille unie. Et pourtant un matin, leur jeune fils Tony refuse de se lever et sombre dans la dépression. Le père se met à absorber des tranquillisants, la mère cherche un gourou pour guérir son fils. Avec un humour noir mais une tendresse sincère, Cheever invente des personnages ordinaires et les confronte à des situations inédites. Il les fait douter jusqu’à l’absurde et l’effroi. On suit avec compassion et curiosité leurs débâcles intérieures. Il n’y a pas de cynisme, juste de la fragilité.
Bullet Park décrit avec causticité cette Amérique bienpensante et en révèle les fêlures. Certes, nous sommes dans les années 60-70, mais les grandes œuvres ne se soucient ni du temps, ni de la géographie. La consommation, le matérialisme, la foi, l’adultère, le paradis perdu, le déni, la solitude, la psychologie, les secrets, les non-dits, le couple, l‘adolescence… Tous ces thèmes qui émaillent le roman sont dépeints ici avec une telle acuité et d’un point de vue si humain, qu’ils me font dire, que si l’apparence d’une société change, les êtres humains qui la composent demeurent – dans les grandes oeuvres – inchangés. Rodolphe Dana
mercredi 16 et jeudi 17 novembre à 20h30