
Drawing Now : quand l’angoisse saisit le dessin
Le très chouette salon Drawing Now investit pour la déjà septième édition le Carrousel du Louvre. Une fois de plus, la leçon est donnée : le dessin, ce n’est pas que pour les enfants !
85 galeries sont présentées. Un tour du monde total qui cette année fait un focus sur la Suisse. L’occasion d’être d’abord saisis par une première impression : le fusain, le noir, le grand format. Trois fils qui n’en tissent qu’un sont ici à la fête. Le détail nous fait mentir. L’aquarelle fait jaillir la couleur, le papier mâché ou le fil de fer s’invite dans les compositions.
Ce qui nous a surpris, c’est, au delà du niveau indéniable des traits, les messages délicieusement violents qui se dégagent. Notre ballade commence par le stand B7 où se loge la Sémiose Galerie qui expose notamment Françoise Petrovitch. On est scotchés par deux troublantes petites filles, Twins, tout droit sorties de Shining. Le lavis d”encre leur permet de couler d’angoisse à souhait.
La plongée dans le noir continue avec la formidable galerie Eva Hober que vous retrouverez en B7. Ici, les visages se font monstrueux, Il faut dire que vu sous cette angle, l’idée d’inviter Jérôme Zonder semble pertinente. Le dessinateur parisien a la force d’un réalisme fictionnel. Ici, Mac Carthy enleve le masque, et on y croit. Ses grands formats nous empoignent comme lui s’arrache la peau.
Noir toujours, noir encore, encore plus, chez la troublante et strasbourgeoise J.P. Ritsch-Fisch Galerie. En A2, elle présente notamment le travail de l’iranienne Baktash-Sarang Javanbakht. La critique de la dictature s’empare de toutes ses toiles, comme ici où un coq vient s’inviter à la table des décideurs dans un drôle et inquiétant manège.
Chez Patricia Dorfmann en A1 bis, les proposition de Lionel Sabatté nous intriguent. Rares sont les artistes, présents au salon qui proposent de mêler les matériaux Ici, il travaille avec le mépris : la poussière, l’huile de cuisine… On s’approche d’un drôle de bonhomme, un homme cheveux qui s’appelle “proset rose, jaune, noir”. La couleur est derrière lui, lui va vers le rien, le vide. Là encore, peu d’espoir.
La galerie Conrads, basée à Düsseldorf s’installe ici en B8. Elle nous invite à découvrir une star allemande bien méconnue. Elle travaille les mots en aplats en faisant le décor de ses dessins rouge sang.
A la galerie particulière, en A 29, un énorme coup de cœur pour un artiste Belge, Stephan Balleux qui fait vomir ses fusain d’un dessin hyper réaliste. Il propose également de magnifiques aquarelles sur papier, notamment autour de la figure de son grand père.
Pour finir cette série de coup de cœur, on fait le tour des galeries émergentes. Et là, le choc est total à la découverte de The Kid, un dessinateur qui maîtrise le stylo bille comme un dieu. Il dessine ultra violent. Ses personnages existe ou ont existé, ce sont des taulards très tatoués. Ces tatouages sont,en prison, faits au bic… C’est à voir chez Alb Anouk Lebourdiec en E7
Ainsi, ce salon dit plus que jamais, que, comme nous l’expliquait le galeriste de la galerie Suisse Römerapotheke Zürich nous voyons des organisateurs qui “cherchent des artistes qui ont une écriture propre “. On apprend au détour d’une allée que chez Agnès B, le dessin est le deuxième medium accroché.
Drawing Now, c’est aujourd’hui, mais c’est aussi un bel horizon vers l’avenir de l’art.
Drawing Now, du 10 au 14 avril, Carroussel du Louvre- Toutes les informations ici.
Visuels :
1-Twins – 2012 – lavis d’encre – 160 x 120 cm – © H.Plumet courtesy : Semiose galerie, Paris
2-JEROME ZONDER, Les fruits de McCarthy #1, 2013, mine de plomb et fusain sur papier, 26 x 32 cm – Courtesy Galerie Eva Hober, Paris
Sans titre (N°60) – 2010 – crayon sur papier – 100 x 150 cm – © Baktash-Sarang Javanbakht
4- Projet rose jaune noir – 2012 – Poussière, acrylique et vernis sur papier- 65 x 50 cm – © : Lionel Sabatté Courtesy Galerie Patricia Dorfmann, Paris
5- “Leitlinien” – 2012 – Graphit, pigmentpen and Gouache on handmade paper – 146 x 141 cm © artist and CONRADS, Duesseldorf
6- Mother – 2009 – pastel sur papier – 150 x 110 cm – © : Stephan Balleux, Courtesy La Galerie Particulière, Paris.
7- Humanity is overrated, number I – 2012 – Stylo Bic sur papier – 42 x 60 cm ©Galerie ALB