
Le prix Marcel Duchamp pour l’art contemporain remis à Kader Attia
Le Prix Marcel Duchamp a été remis ce mardi 18 septembre au Centre Pompidou à l’artiste franco-algérien Kader Attia qui présentait sa dernière composition: Réfléchir la Mémoire.
A l’initiative de l’Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français (Adiaf) le prix Marcel Duchamp ambitionne de récompenser chaque année des artistes novateurs et représentatifs de leur génération. Cette année le Lauréat du Prix est Kader Attia.
La réparation pour axe de réflexion
Si l’artiste franco-algérien a toujours envisagé le thème de la réparation, cette année il le considère de manière plus brutal et essentiel. Dans un film documentaire, Kader Attia interroge des médecins, des neurologues et chirurgiens autour du phénomène du membre fantôme: symptôme poste traumatique qui touche les personnes amputées, persuadées d’être toujours en possession de leur membre. Véritable pivot de l’installation, cette vidéo est également accompagnée de divers sculptures. Entre l’essai politique et l’enquête scientifique Réfléchir la Mémoire élargie la réflexion autour du deuil individuel à celle de l’amputation collective, sans omettre la question de la réparation. Prouesse qui a séduit le jury.
Une promotion multiculturelle
Pourtant cette année les créateurs étaient tous plus séduisants les uns que les autres, à l’image de Barthélémy Toguo qui présentait une oeuvre commotionnante: Vaincre le Virus. Semblable à des bulbes de mousse à raser, ces formes énigmatiques réalisée à l’aide d’une imprimante 3D modélisent les cellules infectées par les virus du Sida et Ebola. Réalisée en collaboration avec des scientifiques de l’Institut Pasteur, l’oeuvre de l’artiste Camerounais Barthélémy Toguo se veut ainsi dénonciatrice de la férocité de ces épidémies.
Nouvelle découverte au fond de la Galerie 4 en pénétrant dans le boudoir de Thérèse Rivière, une ethnologue internée, exploratrice de l’Afrique. Intriguant rébus, supplément à la vie de Thérèse Rivière que l’artiste, Yto Barrada développe avec Objets indociles. Plus imposante, l’oeuvre de l’allemande Ulla Van Brandenburg s’impose comme un temple contemporain du Soleil où le visiteur déambule sur une plateforme depuis laquelle est diffusée un film. Ainsi en intégrant l’oeuvre l’observateur participe à sa transformation.
Après avoir composé une promotion multiculturelle, le jury du prix Marcel Duchamp récompense donc ce soir un artiste Franco-Algérien, travailleur allemand, qui milite pour la cicatrisation des maux historiques et collectifs. Une libération dans l’atmosphère pesante qui accompagne le débat sur l’identité française.
Visuel : © Laurent Lecat