
Xavier Veilhan est sur le toit du Corbusier, une vraie expo de fadas !
Depuis le 12 juin, le toit de la Cité Radieuse marseillaise est un centre d’art conçu par Ora Ïto. Le MAMO, comprenez “Marseille Modulor” accueille jusqu’au 30 septembre les oeuvres de Xavier Veilhan, invité de Architectones.
Le corbusier, les marseillais ne le connaissent pas, mais si vous prononcez les mots “maison du fada”, là, ils tiquent ! Ici, la ville entière a pris l’architecte pour un fou quand entre 1945 et 1952, il décida de construire la Cité Radieuse. Depuis, ce bloc “brutaliste” a pris vie, rassemblant 337 appartements. Pas d’étages mais des “rues”, où au troisième, des commerces, dont subsistent aujourd’hui surtout des cabinets d’architectes. L’idée était d’être un immeuble ville, autosuffisant, école et supermarché inclus. En 1995, le lieu, couleur des volets et intérieur des appartements compris est classé monument historique.
Il vous faudra monter à la 9eme rue, pour atteindre l’ancien gymnase de la cité qui est maintenant une magnifique galerie, absolument parisienne dans son attitude, boutique hypster-bobo et café arty à l’appui. Là où Marseille opère, c’est que de cette terrasse,la ville, et donc la mer s’offrent à vous dans un éblouissant panorama.
La dizaine d’œuvres montrée est un hommage au totalitarisme brillant de Charles-Édouard Jeanneret-Gris dit Le Corbusier. Folie des grandeurs avec notamment deux sculptures monumentales, l’une le montrant pêchant les cercles, l’autre étant un buste massif, bleu ciel. Le Corbusier est en pleine écriture, à même le sol, ou bien, plus minimale, le petit bronze qui voit naviguer Le Corbusier, Jeanneret et Buckminster Fuller. Le projet et l’architecte ne font qu’un, tout comme cette maison du fada est aussi surnommée “Le Corbusier”
C’est bien cela que Veilhan atteint en montrant l’acte architectural comme un art. Il réalise une mise en abyme “du” Corbusier.
Ici on retrouve essentiellement des sculptures, ce qui raisonne particulièrement bien avec le béton dans un dialogue de la modernité qui se retrouve dans les matériaux mêmes : acier, caoutchouc, résine… La plupart sont des créations 2013 à l’ exception d’une peinture acrylique de 1993 représentant la structure de l’immeuble vide. Tout vient raconter l’esprit rigoriste de l’architecte et sa passion pour la ligne.
Architectones est le quatrième volet d’un projet dont les trois premiers ont eu lieu à Los Angeles sous le commissariat de François Perrin. Cette exposition est plus riche dans son contenu que les programmations de Marseille-Provence 2013. Entrer dans le Corbusier, c’est faire un voyage dans le temps. Y voir une exposition est une expérience de fada !
Visuel : ABN