
“Shakespeare romantique”, l’hommage de Saint-Omer à un auteur universel !
Du 24 mai au 30 août 2017, le musée de l’hôtel Sandelin de Saint-Omer présente l’exposition «Shakespeare romantique : Füssli, Delacroix, Chassériau». Celle-ci vous invite à redécouvrir une des figures les plus emblématiques de la littérature anglaise à travers le regard des artistes romantiques anglais et français.
La municipalité de Saint-Omer entretient d’anciens et puissants liens avec le monde anglo-saxon, comme peut en témoigner la redécouverte, en 2014, dans les fonds patrimoniaux de la bibliothèque d’agglomération du pays de Saint-Omer, du 233ème exemplaire de la première édition des pièces de Shakespeare, plus communément appelé « Shakespeare’s first folio ». Présenté à l’exposition comme point d’orgue de l’aventure shakespearienne en Audomarois, l”ouvrage est aussi consultable en ligne ici.
Née de la volonté des acteurs du pays de Saint-Omer et du travail conjoint des équipes des musées de Saint-Omer, de celui des Beaux-Arts d’Arras, de celui du Louvre et de celui d’Eugène Delacroix, cette exposition a été récompensée par le label d’exposition d’intérêt national, label qui, cette année, a battu des records, puisqu’il a été remis à vingt-huit expositions (plus d’infos ici).
L’exposition « Shakespeare romantique : Füssli, Delacroix, Chassériau » a pour ambition de montrer comment l’imaginaire shakespearien a marqué les artistes et comment s’est constitué peu à peu un répertoire collectif d’images entre la fin du XVIIIème et le XIXème siècle. Encore de nos jours, l’œuvre de Shakespeare continue d’inspirer de nombreux artistes, de par sa richesse et complexité de sa narration et de ses personnages. Il faut dire que les pièces de Shakespeare sont extrêmement modernes. « Ce sauvage contemplateur de l’âme humaine », comme le décrit Delacroix, se concentre sur les méandres de l’âme humaine et abroge les règles classiques de lieu et de temps, ce qui rend son oeuvre universelle.
Si au début du XIXème siècle, Shakespeare était une figure plus ou moins méconnue de la littérature anglaise. À la fin de ce même siècle, il est devenu un auteur populaire, non plus seulement en Angleterre, mais aussi dans le reste de l’Europe. Le XIXème siècle peut donc être à juste titre considéré comme “l’âge d’or” de l’illustration shakespearienne.
Grâce à des prêts exceptionnels, notamment du Victoria & Albert Museum de Londres, et des musées parisiens Eugène Delacroix et du Louvre, des confrontations inédites ont pu être mises en scène. Sont d’ailleurs exposés dans cette salle, pour la première fois côte à côte, trois fragments du « Songe de la reine Catherine » (huile sur toile, 1871, Londres, Victoria & Albert Museum) et la «Lady Macbeth somnambule» (huile sur toile, 1781-1784, Paris, musée du Louvre). L’exposition a aussi bénéficié d’un prêt exceptionnel du musée Eugène Delacroix puisque, pour la première fois en-dehors de Paris, sont présentés la suite complète des pierres lithographiques de Delacroix consacrée à Hamlet et les tirages correspondants. En tout, ce sont 67 œuvres de toute nature (dessins, lithographies, sculptures, peintures…), qui ont pu être réunies et présentées au public.
Nul besoin de cimaises modernes, le décor naturel du musée de l’hôtel Sandelin offre un écrin de premier choix pour les oeuvres exposées. « L’Ophélie » de Paul Steck (1866-1924) (huile sur toile, 1894, Paris, Petit Palais) n’aurait pu trouver de meilleur emplacement : Prisonnière de sa cage aquatique, de cet entre-deux fascinant entre conscience et inconscience, entre vie et mort, elle trouve tout naturellement sa place au milieu des boiseries bleutées du musée de l’hôtel Sandelin.
Au détour des salles, d’étranges ombres nous interpellent. L’équipe de scénographe a eu la brillante idée de disséminer, ça et là, des personnages shakespeariens, sous forme d’ombres chinoises. Le duo formé par Ariel et Puck dans la salle consacrée au « Fairy Paintings » est du bel effet et s’inscrit dans la continuité de ce genre typiquement anglo-saxon.
Afin de rendre compte de l’aspect théâtral de l’œuvre de Shakespeare, certains tableaux sont accompagnés d’un dispositif sonore, qui permettre d’écouter l’extrait des pièces de Shakespeare, dont sont inspirés certains tableaux. De même, les cartels comportent quelques vers anglais des pièces concernées, ainsi que leur traduction en français faite par le fils de Victor Hugo : François-Victor Hugo, dont le père portait une admiration sans borne au célèbre dramaturge anglais.
Innovante de par sa scénographie et son dispositif de médiation, l’exposition « Shakespeare romantique : Füssli, Delacroix, Chassériau » démontre ainsi la richesse de la collaboration entre ses différents acteurs. Elle apporte également un autre éclairage sur la peinture romantique et l’oeuvre de Shakespeare !
Informations pratiques :
Titre : « Shakespeare romantique : Füssli, Delacroix, Chassériau »
Genre : Exposition alliant littérature anglaise du XVIIème siècle et Beaux-Arts fin du XVIIIème / XIXème siècle
Commissariat d’exposition : Dominique de Font-Réaulx, conservatrice générale au musée du Louvre et directrice du musée Eugène Delacroix, Marie-Lys Marguerite, conservatrice du patrimoine et directrice du musée des Beaux-Arts d’Arras et Romain Saffré, conservateur du patrimoine et directeur des musées de Saint-Omer
Scénographie : Paul Beaucé, agence d’urbanisme et de développement de l’Audomarois
Lieu : Musée de l’hôtel Sandelin, 14 rue Carnot, 62500 Saint-Omer
Période : Du 24 mai au 30 août 2017, du mercredi au dimanche, de 10h à 12h et de 14h à 18h. Visite possible pour les groupes les lundis et mardis sur réservation
Tarif plein / réduit : 5.50 € / 3.50 €
Crédits photos : Magali Sautreuil