![“La porte des rêves” : voyage onirique dans une collection privée d’artistes symbolistes à La Propriété Caillebotte [Yerre]](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2018/04/Romaine-Brooks-Le-Printemps-871x1024.jpeg)
“La porte des rêves” : voyage onirique dans une collection privée d’artistes symbolistes à La Propriété Caillebotte [Yerre]
Jusqu’au 29 juillet, à Yerre, la propriété Caillebotte présente avec La porte des rêves 163 pièces d’une collection privée d’œuvres symbolistes françaises. Sublime et onirique, elle a circulé dans 11 pays et n’avait pas été exposée en France depuis 2000.
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Tout juste réhabilitée après 20 ans, la Maison Caillebotte, avec son Casin meublé d’époque qui rappelle l’histoire de la famille du peintre, son parc magnifique et son potager reconstitué par des bénévoles est une institution dont les habitants de Yerre sont fiers. Alors que la propriété vient d’entériner un accord avec Giverny qui permettra aux visiteurs d’avoir des réductions en visitant les deux lieux d’art, Yerre est vraiment “l’autre capitale de l’impressionnisme”.
Avec les beaux jours, le parc de la propriété qui a appartenu à la célèbre famille de peintre est le lieu de rencontre des Yerrois, surtout le week-end. Pour le printemps et l’été la Propriété a préparé une exposition majeure, qui a voyagé dans le mode, La Porte des Rêves. Elle a lieu dans deux emplacements : la Ferme Ornée et l’Orangerie. On commence par la Ferme Ornée, qui allie charme ancien et modernité d’un accrochage aérien sur deux étages.
L’on entre dans l’exposition par le magnifique et énigmatique Printemps de Romaine Brooks qui figure sur l’affiche qui signe le passage vers une atmosphère sombre et tamisée, propre à la contemplation de tableaux et de dessin symbolistes richement encadrés. L’accrochage propose un parcours thématique qui laisse le temps de la rêverie et de la respiration.
Il y a les légendes d’abord, des Niebelungen de Egusquiza aux Contes des bois très fleuris de Des Gachons, en passant par à La princesse à la Licorne immortalisée sous toutes ses coutures par Armand Point. On entre ensuite dans le mythe : Narcisse par George Desvallières, La Méduse par Pierre-Amédée Marcel-Beronneau ou le saisissant Persée de Camille Claudel. L’on voit même une études des Prétendants par Gustave Moreau.
La troisième salle est la plus sensuelle : celle des égéries. Il y a une Salomé au jardin de Moreau, dessinée, exquise et éternellement liée au magnifique À Rebours de Huysmans, une Marche des fiançailles de Maurice Denis, Les lèvres rouges de Fernand Khnopff et puis trois magnifiques toiles de Lucien Levy-Dhurmer dont un portrait de Hélène de Troie et un Nu orange qui aurait appartenu à Marie de Bonaparte. Mais la naïade la plus troublante est Le Printemps de Carlos Schwabe, qui se pince les tétons.
A l’étage s’étalent les paysages idéaux de Charles Guilloux, Alphonse Osbert ou Charles Lacoste puis des lieux métaphysiques de vie silencieuse (avec la très belle Baigneuse de Emile-René Ménard) ou mystiques qui nous emmènent nonchalamment vers un symbolisme plus gothique et noir : quelques planches des Fleurs du mal vues par Odilon Redon côtoient un Kupka noir comme l’encre et l’on finit avec L’enfer de Dante vu par Henry de Groulx.
Heureusement l’exposition se poursuit après ce spleen dans a lumière de la magnifique orangerie, L’on traverse le parc pour atteindre le bâtiment clair qui est dédié à de grandes toiles nous emmenant vers “L’idéal”. Un parcours mystérieux et enchanteur entre vert et rêve, à compléter par la visite du Casin sur les traces de la famille Caillebotte.
Visuels:
Carlos Schwabe, 1866-1926, Les Noces du poète et de la muse / L’idéal, 1902
Fernand Khnopff (1858-1921), Les Lèvres rouges, ca. 1897
Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953), Hélène de Troie, ca. 1898-1899
Romaine Brooks (1874-1970), Le Printemps, 1911-1913
Gustave Moreau (1826-1898), Salomé au jardin, 1871
Emile-René Ménard, 1861-1930 ; Baigneuse, ca. 1900
Collection privée © Thomas Hennocque