
Kees Van Dongen : du génie à l’oeuvre.
Le Musée de Montmartre témoigne son égard au talentueux peintre Kees Van Dongen dans une exposition consacrée aux oeuvres et dates charnières de l’artiste. Ce dernier rendit un hommage vibrant à la vie Montmartroise, aux paysages bucoliques Français ainsi qu’aux rencontres faites tout au long de de sa vie.
Le musée de Montmartre,abrite actuellement l’exposition du peintre Kees Van Dongen, artiste néerlandais émigré à Paris. Tout jeune âgé de dix-huit ans, le peintre originaire d’un faubourg de Rotterdam séjourne durant un an à Paris dans les années 1897. Il tombera amoureux de cette ville et partira s’y installer, emménageant dans le quartier de la butte Montmartre, qui l’inspira fortement à ses débuts.
Les premières peintures présentées au début de l’exposition sont assez ternes et sombres, les seuls objets de couleur se détachant des rues noirâtres, sont les montmartrois fêtards apprêtés de couleurs pastels pour aller danser.
Durant ces années, Kees Von Dongen, sa femme et leur petite fille Dolly font la rencontre d’un autre couple d’artistes expatriés d’origine néerlandaise, les Van Reese. Ces derniers passeront des vacances en Seine-en-Marne, près de Barbizon. Le couple d’amis s’épanouit alors dans des représentations de la vie paysanne.


Jeunes femmes enroulant des blés pendant la période des moussons dessinées au pastel, ou à contrario un cadre très lumineux proche des peintures de Van Gogh sont parmi les tableaux les plus lumineux de l’artiste peintre.
Ses débuts sont marqués par l’utilisation d’huile sur toile, encre de chine et fusain caractérisant les contours de ses personnages. C’est avec Von Reese que Van Dongen s’éprend de la simplicité des pastels sur fond blanc. L’été passé à Barbizon, constituera un tournant majeur dans l’oeuvre de
Kees Van Dongen, peu de temps après il fit la connaissance de Picasso à Montmartre, qui lui permettra par la suite d’emménager dans l’atelier du Bateau Lavoir. Van Dongen célèbre ce quartier pittoresque dans lequel il vécut près de vingt-ans, où il se lia d’amitié avec le cubiste, rival artistique et grand ami du quotidien. Les deux artistes s’intéresseront alors au monde du cirque et de ses jeunes danseurs et danseuses, représentés dans leur costume de scène.

L’amitié qu’entretiennent Picasso-Van Dongen est à la fois le fruit d’une complicité artistique, bien que ces deux derniers n’appartiennent pas au même mouvement, mais aussi d’un échange de leurs épouses : Kees Von Dongen peindra Fernande Oliver à multiples reprises, tandis qu’Augusta Prettinger est photographiée derrière les Demoiselles D’Avignon, célèbre oeuvre du peintre cubiste. Revanchard , Kees Von Dongen réplique par les Lutteuses de Tabarin, oeuvre qui tranche fortement avec les femmes de joies que l’artiste représente fréquemment dans ses sorties nocturnes à Montmartre.
Le temps d’un souffle, nous voilà déjà à la moitié de l’exposition, et contraint de monter à l’étage supérieur (comme si la randonnée pour se rendre au Musée de Montmartre n’était pas suffisante). L’étage supérieur nous promène et nous perd dans l’intimité de l’atelier de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo, nichés aux extrémités d’une suite au papier peint fleuri, certainement occupée par les deux protagonistes.
Au fond de cette immersion, la deuxième partie de l’exposition et de la vie de Von Dongen nous fait attendre langoureusement, les yeux submergés de ses couleurs chatoyantes et orientales. Lors d’un voyage en 1910, le peintre se rend en Espagne et au Maroc, où la féminité est une fois encore mise à l’honneur, à travers les yeux d’une petite danseuse mais aussi de la noblesse hispanique.

Ces voyages seront un véritable succès retranscris au travers des expositions et galeries notamment Bernheim-Jeune, qui lui consacre deux rétrospectives invitant les parisiens au voyage. Alors âgé de quarante-sept ans, l’artiste insuffle un nouveau regard sur les femmes bien plus provocateur et alléchant. Deux yeux, l’une de ses oeuvres marquantes, est le symbole d’une femme jeune et aguicheuse,ses grands yeux cernés de noir, signature incontestée de l’artiste maitre.
Une galerie parallèle, révèle le différents croquis qu’à pu esquisser Kees Von Dongen pour des auteurs dont Le lys rouge d’Anatole France, ou encore À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Littérature et dessins se mêlent étrangement ensemble, vers la fin de sa vie il participera aux ébauches du livre de Dorgelès, scénettes de la vie quotidienne montmartroise, évoquant ses premiers pas dans la vie parisienne avec nostalgie et douceur.


L’exposition s’achève sur sa consécration artistique de renommée, Kees Von Dongen voyage et s’installe partout : rue de Courcelles, dans le quartier du Montparnasse, à Garches ou encore Monaco. Les festivités mondaines n’ont plus de secret pour l’artiste qui désormais peint la haute bourgeoisie dans toute sa splendeur, frisant avec la provocation féminine tout en délicatesse.


De ses premiers chefs d’oeuvres sombres aux traits accentués, ses peintures flirtent avec le pointillisme de Van Gogh pour finalement évoluer vers un genre lumineux et profond, habillant les femmes et déshabillant le spectateur.
? Crédits Images : Van Dongen & le Bateau-Lavoir, éditions D’ART SOMOGY
? Crédits Images : ADAGP 2018
Agnès Polloni