
“Félicie de Fauveau, l’Amazone de la sculpture” au Musée d’Orsay
Du 13 juin au 15 septembre 2013, Le Musée d’Orsay consacre une exposition biographique à l’oeuvre méconnue de Félicie de Fauveau.
Première femme sculpteur à vivre de son art, Félicie de Fauveau, si elle connut une notoriété certaine de son vivant, reste méconnue en France. Son oeuvre unique et inclassable, s’apparente au mouvement romantique, par l’intérêt symbolique qu’elle porte pour le Moyen-Age, et la représentation iconoclaste, par une approche historienne et archéologique aux sujets qu’elle aborde. On a aussi pu insérer son oeuvre dans le courant néogothique, bien que l’on retrouve des éléments d’architecture romane dans nombre de ses sculptures. La vérité reste qu’elle est surtout unique et inclassable. Le musée d’Orsay lui consacre, sur trois salles, une exposition biographique, qui revient sur les périodes et formes qu’a pu emprunter son art.
Née en 1801 dans une famille de la finance française, Félicie de Fauveau s’intéresse très tôt à la sculpture. Mais la mort de son père en 1826, donne un véritable coup de fouet à sa carrière puisqu’elle doit désormais subvenir aux besoins de sa famille. Elle se rapproche alors de la cour de Charles X et connait presque immédiatement la célébrité avec un relief, Christine de Suède refusant de faire grâce à son grand écuyer Monaldeschi. Sa carrière est lancée, elle enchaîne alors les commandes pour la cour royale, et pour quelques grands princes et mécènes européens, parmi lesquels le tsar Nicolas Ier, le grand-duc de Toscane.
Des bustes dynamiques, aux portraits très codifiés, en passant par les bénitiers,et les pieds de fontaine, tout est foisonnement de détails, de symboles, finesse infinie et émanation de foi, pour cette passionnée de gothique et d’art religieux du Moyen-Age, qui se délecta de Dante et de Walter Scott , inspirant elle-même Stendhal et Dumas.
Ne souscrivant à aucune hiérarchie des genres, Félicie de Fauveau se consacre également aux arts décoratifs, réalisant des dagues de coupe-papier, lampes à huile, des sceaux, des pommeaux de cannes, des cadres de tableaux, à la facture unique, aux variations inexorables, offrant à ses commanditaires des pièces d’exception alors qu’ à la même époque se développent les objets sériés. Un art où elle se distingue tout particulièrement avec la réalisation d’une dague de couteau sur laquelle elle réussit tout une mise en scène, épisodique, d’un ravissement implacable, où l’on peut lire vivre et sentir toute l’intensité du drame shakespearien , “Roméo et Juliette”. Mais aussi par celle d’une lampe à huile, hautement symbolique, représentant un Saint-Michel aux aguets attendant le retour d’Henri V, là encore d’une finesse infinie, mais loin d’une beauté plastique, chargée d’émotions et d’ intensité.
Un Henri V qui fait l’objet d’une véritable dévotion, elle-même très proche de la duchesse de Berry. Plus qu’une simple sympathie pour la branche aînée des Bourbons, elle va jusqu’à participer en 1831 au soulèvement visant à la chute de Louis-Philippe qui lui vaut d’être condamnée et emprisonnée. A sa libération elle s’engage une fois encore, cette fois-ci dans le soulèvement vendéen, à l’issue duquel une nouvelle condamnation la forcera à prendre définitivement le chemin de l’exil. Elle s’installe alors dans la très catholique Florence, d’où elle verra s’éteindre les derniers feux de la monarchie. Une monarchie dont elle aura définitivement redoré les parures tombantes.
Infos pratiques: Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 9h30 à 18h/ Jeudi de 9h30 à 21h45/ Plein tarif: 9 euros, réduit: 6, 50 euros.
Visuel: (c) affiche de l’exposition