
Ciao Italia ! Se souvenir que l’immigration est une force au Musée de l’histoire de l’Immigration
Le Musée de l’histoire de l’Immigration inaugure demain une exposition particulière. A 27 jours du premier tour de la présidentielle Ciao Italia affirme haut et fort que la France est une terre d’immigration, c’est cela même qui fait son identité.
Avec un parcours clair et net, Ciao Italia ! Ces immigrés italiens qui ont fait la France, Dominique Païni et Isabelle Renard rappellent qu’en 1931 “près d’un million d’italiens s’installent en France” en fuyant le fascisme. Alors, d’où viennent-ils, comment arrivent-ils, que font-ils et que nous ont-ils laissés sont les quatre temps de circulation de l’exposition. Ici, le propos est plus sociétal qu’artistique. On y entre par une pièce ronde ponctuée d’arcades. Au centre se trouve LE stéréotype, celui de la Vespa, ici démultipliée par l’oeuvre de Moataz Nasr, Vacanze romane. Car ici il n’est pas question de faire taire les a priori. Tout y passe, la drague, on verra Anita Ekberg et Marcello dans la fontaine, Claude Lelouche et sa leçon de marche à l’italienne. Le café, la maçonnerie, le cirque…
Puis vient la réalité. Celle du travail des femmes qui sont suivant les secteurs plus nombreuses que les hommes. Vient aussi la vérité, celle balancée par Jean Renoir en 1935 dans Toni : l’immigration empêche l’exode rural. L’humour et la réalité sociale, dure, effacée sont mêlés, permettant au visiteur de saisir l’émotion de l’exil. François Cavanna l’écrivait dans Les Ritals : “L’avenir ce n’est pas un problème … ils seront maçons”. L’écrivain avait laissé il y a une dizaine d’années la truelle de son père au Musée.
Et il y a les artistes, Reggiani, Montand, Lino Ventura… qu’il serait fou de qualifier par leur origine. Avant l’arrivée des italiens, et particulièrement de Cino del duca, le roman photo n’existait pas. On lui doit Nous deux tout de même !
Les sons se mélangent aux images et on entend la voix de Fernandel, balancer, et suscitant le rire : “l’italien doit être en Italie et tout ce qui est français doit être en France , sans ça à quoi ça servirait d’avoir une frontière, celle-là de frontière, c’est moi Ferdinand Pastorel, brigadier des douanes , 20 ans de service qui ait l’honneur de la faire respecter”.
On rirait, si nous n’étions pas terrifiés par les prochaines élections. Se rappeler pourquoi des hommes et femmes quittent leur pays comme dans la peinture poignante de Angelo Tommasi, Gli emigranti en 1896 est une urgence.
Ciao Italia cherche à aller vers le mieux, en témoigne la scénographie qui passe du sombre à la lumière dans un jeu de vitrines transparentes. Alors, oui, on part embrasser Marcello et on garde espoir !
Visuel : Moataz Nasr, Vancanze romane, 2013, Huit vespa Piaggo, 170 cm ©Courtesy de l’artiste