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A flanc de Cocteau au Musée des Lettres et des Manuscrits

A flanc de Cocteau au Musée des Lettres et des Manuscrits

14 October 2013 | PAR La Rédaction

 

Depuis le 11 octobre, le Musée des Lettres et Manuscrits consacre une exposition à Jean Cocteau. L’occasion de découvrir, à travers ses écrits, la sphère privée de l’artiste.

Le Musée des Lettres et Manuscrits de Paris, minuscule musée recroquevillé sur le boulevard Saint-Germain consacre tout son (petit) espace à l’artiste. Jean Cocteau résumé en une pièce. Jean Cocteau entre quatre murs. Voilà qui semble paradoxal quand on sait que Cocteau est un monument à lui seul. Grand pari donc pour le musée que de reprendre toute une vie par le biais de cent cinquante dessins, photographies, livres illustrés, manuscrits, correspondances et affiches de film. La promesse est belle : cent cinquante pièces en un lieu exigu, promesse d’une certaine densité. La disposition rigoureuse des documents, illustrés par de fines études biographiques ainsi que le parcours chronologique nous introduisent méthodiquement dans l’univers du cinéaste, poète, graphiste, dessinateur et dramaturge. Les tons noirs, gris et blancs de la pièce ramènent au passé, tandis qu’un motif de ridules d’eau se fond dans la présentation papier et rappelle l’angle choisi : le miroir. Mais il ne faut pas s’attendre à tomber sur une galerie des glaces ; pour Cocteau, le miroir est l’apparence qu’il faut apprendre à dépasser pour atteindre cet au-delà qu’est le « moi » intérieur. C’est ainsi que des dizaines de Cocteau s’exposent : photographies très personnelles, autoportraits travaillés, quelques amis de l’homme apparaissant çà et là, comme cette esquisse d’Apollinaire dans un coin, lettres à l’écriture ronde, reflet d’une âme qui aime à s’évader, et qui invite à en faire autant. S’ajoutent des citations sur les murs et piliers ou encore quelques dessins saugrenus. C’est bien d’une exposition du for intérieur dont il s’agit.

Un Cocteau multiple, mais un même Cocteau. Le dessin sur papier jauni révèle des teintes bleutées et un regard portant à la fois le sérieux de l’adulte et la tristesse de la conscience de l’enfance perdue. Un élément intrigue tout de même. D’où vient ce son que l’on entend sans écouter depuis le début ? Au centre se dresse un cube gris que l’on ne devine qu’en passant par l’arrière. Ce cube creux abrite un petit écran dans le plus simple appareil. La Belle et la Bête y est posée là, véritable madeleine de Proust. Vient Jean Marais, l’autre Jean, dont Cocteau disait : « Je ne l’ai pas connu, je l’ai reconnu. » Il est son autre « moi », ce passage à travers le miroir qui l’obsède tant. Les deux Jean se confondent toujours plus. La relation transparaît dans ce qu’elle a de plus profond, ne serait-ce qu’avec ces lettres adressées à « Mon Jeannot ». Le monstre sacré est presque là, au sens physique : une partie de son costume de la Bête trône au fond de la pièce, dont le fameux masque tout de poil.

La boucle est bouclée. Le connaisseur de Cocteau a pu l’apercevoir sous un nouveau jour, celui du secret, du for intérieur. Le novice a fait la rencontre d’une personnalité mélancolique, rêveuse et créatrice.

Manon Rondeau 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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