
A la recherche des Iles jamais trouvées au MAM de Saint Etienne
Jusqu’au 17 avril, le Musée d’art Moderne, Saint Étienne Métropole accueille une sublime exposition chorale à la scénographie parfaite et aux textes clairs. Dans le très bel espace de ce musée aux salles à l’ampleur de celles du Getty Center une installation Vidéo de Jan Fabre côtoie par exemple un tableau d’Anselm Kieffer. 34 propositions passionnantes sur la place et le rôle de l’artiste, regardant le monde de son territoire ou cherchant à l’atteindre.
“Iles jamais trouvées” est un projet itinérant, présentée au Palazzo Ducale de Gênes (Italie), puis au Musée national d’art contemporain de Thessalonique (Grèce), Lorand Hegyi, directeur général du Musée et commissaire de l’exposition accueille maintenant dans ses murs cette quête de l’artiste. Les œuvres rassemblent des artistes contemporains reconnus et plusieurs “nouvelles îles” faites par de jeunes artistes. Partant du principe fort que le travail artistique est un voyage, les installations et les peintures parlent toute de l’engagement, qu’il soit politique, dans l’œil de Barthélémy Toguo, «Road to exil», qui présente un bateau surchargé de balluchons en tissus africain. Le bateau vogue au milieu d’une mer de bouteilles d’eau et de vodka. A bord, les bidons sont vides venant dire la mort certaine, en mer, de ces boat people venu chercher un meilleur ailleurs. On retrouve cette thématique de l’exil à plusieurs reprises dans le parcours, à l’occasion de la vidéo de Kimsooja, où, habillée en vêtements traditionnels coréens, elle traverse assise sur des balluchons semblables à ceux de Toguo, impassible, les rues des grandes capitales. Remarquables aussi, les radeaux accrochés aux toiles de peinture noire de Jannis Koubekkus, emblème de la condition humaine.
D’autres imaginent une ile poétique. C’est le cas de Marina Abramovic, qui dans une vidéo filmée sur l’île du volcan Stromboli, en plan serré, se voit bercer par l’océan qui vient mouiller son visage et ses cheveux. Michelangelo Pistoletto, nous fait parcourir un labyrinthe nous amenant à nous regarder en face.
Chaque œuvre présentée est une invitation au rêve, au voyage, et la réflexion. La diversité du travail présenté offre un panel très représentatif de l’art visuel contemporain. Fait rare, l”exposition ne joue par la carte esthétisante mais raconte une histoire par une circulation aisée dans les salles, où peu d’œuvres sont montrées en même temps, permettant de thématiser les salles individuellement. « Iles jamais trouvées » est un manifeste sur la nécessité de la présence des artistes comme porteur d’une parole politique.
En parallèle, le musée propose trois expositions passionnantes, une première “transparence” sur le design invitant à visiter une belle collection de design sur le thème de la lumière et,notamment, de partager une étrange réunion de mixeurs Seb…Tout près de Jan Fabre, la lauréate du 2ème Prix des Partenaires du Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole, Anne-Laure Sacriste propose un travail intéressant sur la peinture en trois dimensions. A l’étage, les dessins d’ Erró montrent la diversité de cet artiste qui glisse aujourd’hui vers le Manga.