
Le Musée des tissus de Lyon menacé de fermeture
Le 22 janvier dernier, alors que France 2 diffusait un épisode de sa nouvelle série basée à Lyon, Chérif, autour d’un meurtre au musée des tissus de la ville, ce dernier était au cœur d’une réunion et d’une manifestation se tenant le jour-même. Pourquoi ? Parce que ce musée est menacé d’extinction pour des raisons de budget et de financements…
Si nous employons le terme « extinction », ce n’est pas une erreur de vocabulaire de notre part : la culture est actuellement victime d’une « chasse à la sorcière » de la part du gouvernement et la fermeture de certains musées sont plus graves encore qu’on ne le croit, comme avec le Musée des tissus de Lyon (couplé au Médée des Arts décoratifs). Comment accepter l’idée qu’ici, capitale du tissu et lieu chargé de l’histoire des canuts et de la soie, on fasse disparaître des siècles, voire des millénaires d’Histoire (certaines pièces datant en effet de 4500 ans) ?
Ce musée ouvert il y a plus de 150 ans, souvent plus connu hors de la ville qu’à ses alentours, est pourtant le plus grand musée de tissus non pas de France ni d’Europe mais du monde avec une collection de quelques 2,5 millions de pièces. Les seules autres collections pouvant rivaliser sont celles du Metropolitan Museum, du Victoria & Albert Museum et du Los Angeles County Museum of Art « Même les Arts déco à Paris n’ont pas une telle collection », souligne Marie-Christine Labourdette, directrice des Musées de France.
L’actuelle propriétaire, la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie), a effectivement annoncé il y a deux mois environs qu’elle ne pourrait pas financer plus longtemps le musée alors que la somme en question représentait les 3/4 de son budget annuel. En effet, après avoir été ponctionnée doublement par l’Etat (qui leur retire environ 40% des recettes fiscales entre 2015 et 2017 ainsi qu’un chèque de 15 millions d’euros pour le Trésor Public), la CCI a dû réduire son personnel et n’a plus les moyens de subvenir au musée. Cette annonce a engendré diverses réactions, toutes plus ou moins choquées, dont une publication dans LyonMag, dans La Tribune de l’Art (d’où nous avons tiré les chiffres cités plus haut), Le Parisien, France 3 Rhône-Alpes, Le Progrès, etc… et surtout une pétition (que vous pouvez signer ici) ayant récolté à ce jour plus de 80000 signatures provenant de divers pays.
Une réunion s’est tenue le 22 janvier tandis qu’une manifestation pour montrer le mécontentement des habitants. Une « concertation de principe » comme l’explique La Tribune. Si le préfet, M. Delpuech, déclare : « Nous sommes conscients de la nécessité d’agir dans un délai court : je souhaite que cette nouvelle donne soit effective au 1er janvier 2017 », et parle d’un “nouvelle donne”, aucune décision n’a réellement été prise et une nouvelle date pour une seconde réunion a été fixée 15 jours plus tard, avec l’idée d’un possible partenariat avec le Louvre, même si, d’après une déclaration du président de la CCI en décembre à France 3, ce dernier « s’était intéressé au dossier, puis l’avant refermé ». Cela devient urgent : il faudrait apparemment parvenir à trouver 1,7 M€ d’ici trois mois et aucun engagement financier n’a encore été pris. Certains industriels ont lancé l’idée de la création d’une fondation, mais rien de concret pour le moment.
Parallèlement, Gérard Collomb, le Sénateur-Maire de Lyon, a déclaré dans le Progrès : « si chaque signataire donnait 100 €, on aurait récupéré un peu d’argent, mais il est plus facile de signer que de s’engager [financièrement, bien sûr] ». Daniel H. Fruman, la personne à l’origine de la pétition, répond ainsi : « si chaque signataire donnait 100 € on aurait, avec un taux de réponse de 10% ce qui est raisonnable, dans le meilleur de cas 630 000 €, ce qui ne couvrirait grosso modo qu’un quart des frais de fonctionnement annuels du musée et il faudrait réitérer ce don tous les ans. Par ailleurs, c’est avoir très peu de respect pour les signataires, dont au moins 10 000 lyonnais, que de dire qu’il « est plus facile de signer que de s’engager ». Il semblerait que M. Collomb oublie que chaque lyonnais paie chaque année des impôts dont l’utilité est justement d’aider et de sauvegarder notre patrimoine (et non d’autres diverses dépenses). Il a pourtant su s’en souvenir lorsqu’il a souhaité faire construire un deuxième stade, faisant naître une polémique et une certaine incompréhension globale de la part des lyonnais…
Il ne reste donc aujourd’hui plus qu’à attendre cette prochaine réunion, en espérant que les médias s’emparent peut-être de la question pour éviter que cette dernière ne soit rien d’autre qu’une poudre aux yeux pour calmer la foule mécontente (à juste titre) qui grossit…