
Le festival emblématique Les Déferlantes renonce à Perpignan : le choix politique des artistes contre l’extrême droite
« Sans artiste, pas de festival ! » peut-on lire sur le site officiel du festival Les Déferlantes Sud de France. Après l’appel au boycott de certains artistes incontournables de la scène musicale française, le festival a décidé de ne plus programmer l’édition 2023 sur le site de Perpignan, ville tenue par l’extrême droite depuis 2020.
Festival phare des Pyrénées-Orientales, le festival Les Déferlantes accueille chaque année près de 100 000 spectateurs au mois de juillet dans la région Occitanie, pour trois à quatre jours de musique et de fête. Cette année et pour sa 16e édition, le festival a annoncé sa programmation, et c’est du haut niveau : Damso, David Guetta, Big Flo & Oli, Gazo, Lomepal, Rosalia, Pomme, ou encore Soprano et Sting enchaîneront leurs performances sur scène du 6 au 9 juillet 2023, à un rythme effréné !
Indochine et Louise Attaque s’opposent au RN et en appellent au boycott du festival dans la ville de Perpignan
Cette année, le festival est en proie à un problème logistique de taille. Après plus de 10 éditions à Argelès-sur-Mer, on a pu retrouver le festival après une coupure Covid à Céret l’année dernière. Mais là encore, le site a été abandonné cette année du fait des problématiques logistiques rencontrés en 2022 ; notamment les problèmes d’accès aux concerts pour les festivaliers, et les lourdes répercussions économiques sur les commerces de la commune. C’est donc dans la ville de Perpignan que le festival a décidé de s’implanter pour cette nouvelle édition. Figure importante du Rassemblement National français, le maire Louis Aliot élu en 2020, avait quant à lui accueilli avec joie et fierté l’annonce de la programmation du festival dans la ville.
Mais cette annonce ne s’est pas déroulée sans heurts ; le groupe Indochine, en tête d’affiche de la programmation 2023, a aussitôt demandé sur son compte Twitter « à la direction des Déferlantes de déplacer ce festival dans un autre lieu, faute de quoi, [ils annuleront leur] venue », du fait du positionnement de la mairie perpignanaise à l’extrême droite de l’échiquier politique. Après Indochine, c’est Louise Attaque, un autre groupe emblématique du rock français, qui en appelle à un boycott du site en signalant qu’ « en l’état actuel des choses et dans ce contexte précis, nous ne souhaitons pas participer à cet événement ».
La déprogrammation des Déferlantes à Perpignan et la recherche d’un nouveau site pour accueillir les festivaliers
C’est ce lundi 9 janvier que les organisateurs ont donc publié sur le site officiel du festival une longue annonce explicitant leur choix de déprogrammer le festival dans la ville de Perpignan. Le festival annonce donc renoncer à cette localisation et être à la recherche d’un autre « site qui puisse accueillir près de 30 000 personnes par soir dans des conditions adaptées » dans les Pyrénées-Orientales, aux dates prévues par l’organisation.
Cette décision n’est pas sans susciter une déferlante de réactions au sein des élus du Rassemblement National. Louis Aliot dénonce dans un communiqué officiel le « chantage » et le « sectarisme » des groupes ayant appelé au boycott. De la même manière, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, s’est exprimé au micro d’Apolline de Malherbe pour l’émission Face-à-Face sur BFMTV du 9 janvier, afin de dénoncer les prises de positions politiques des artistes : « Quand on est artiste, on ne fait pas de la politique ». La rhétorique d’extrême droite relance donc le débat quant à la neutralité des artistes, mais la décision des organisateurs du festival témoigne bien du choix politique qui sous-tend cette décision, ainsi que de la fidélité des artistes à leurs convictions personnelles. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Nicolas Sirkis fait connaître ses engagements, le groupe Indochine ayant déjà fait parler de lui en 2017 avec le titre « Un été français » issu de l’album 13, qui dénonce la montée en puissance de l’extrême droite en France, avec un clip tourné sur le toit de l’Arche de la Défense qui avait fait sensation.
Au lendemain de cette polémique, c’est maintenant un nouveau défi qui attend les organisateurs des Déferlantes, pour trouver un lieu capable de faire vibrer comme chaque année les festivaliers dans les Pyrénées-Orientales, et qui puisse être à la hauteur de la programmation impressionnante qui nous attend en juillet !
Visuel © Les Déferlantes