
Les Rois au Rendez-Vous
L’egotrip de Rendez-Vous n’a d’égale que leur présence, tant en studio que sur scène, à la Gaité Lyrique ce vendredi soir.
Les patrons du post-punk sont arrivés sur la scène française et internationale il y a de cela quelques années par le biais de différents EP, mais c’est grâce à leur premier album, Superior State, qu’ils se sont installés comme les rois du monde. Sorti le 26 octobre dernier, ce LP est complet. On retrouve l’énergie dévorante qui fait leur style, les textes percutants, accompagnés d’une basse omniprésente, de synthés, d’une batterie sèche et carrée et d’une guitare ravageuse. C’est un opus efficace, audacieux, et dans la suite d’idées des précédents EP. Les cinq parisiens nous ont tout simplement offert l’un des meilleurs albums de 2018. Rien n’est à changer, tout sonne l’énergie, la transpiration, l’expérimentation. L’idée derrière cet album était de créer une réflection sur le monde d’aujourd’hui. Rien qu’à la cover, troublante, le ton est donné pour un voyage dans l’univers de Rendez-vous, troublant lui aussi, mais maîtrisé à son paroxysme.
En prémices de ce qui s’annonce comme un concert inoubliable, on voit un jeune homme s’avancer sur scène, seul, avec un masque sur la tête. On découvre un univers, celui de Qual, qui s’avère être particulier. Jonglant entre chant et limite performance, métal, post-punk et techno (pour faire simple), son univers, absolument unique colle au personnage et à la musique. Utilisant parfois une bar de fer ou une chaîne pour taper un peu partout avec, ou dansant de manière frénétique dès que le chant n’est plus d’actualité, on aime son côté absolument décalé et personnel. A voir, mais à découvrir d’abord.
Puis s’avance -enfin- le quintet de Rendez-vous. Pendant plus d’une heure et demie, mélangeant ego trip et riffs énervés, ils ont conduit d’une main de maître cette soirée. À force de rythmes effrénés, de synthés parfaits accompagnés d’une batterie plus massive que jamais, ils ont conquis dès les premières notes, un public absolument chaud. Pas assez à leur goût, apparemment, réclamant plus de pogos, de slams, etc etc. Difficile de résister à ce numéro d’egotrip. Il fait tellement partie de leur personnage, surtout des deux leaders, qu’on ne peut pas leur en vouloir. De plus, on peut facilement dire que ce qu’ils produisent, tant en studio que sur scène, dépasse de loin les attentes de tout fan du genre ou du groupe. Ils arrivent à magnifier sur scène un album et des EP déjà impeccables. Ce sont vraiment les rois, en live surtout. Efficaces, directs, eux-mêmes et maîtres, ces punks (littéralement) sont bien ce qu’il se fait de mieux en France.