
Trois actes de Thomas Schutte à la Monnaie de Paris
Sous le commissariat de Camille Morineau l’ensemble du musée du Quai Conti est dédié aux Trois actes de création du sculpteur allemand Thomas Schütte. Cette première rétrospective parisienne de l’artiste allemand est un festival de formes et de couleurs qui réfléchissent le banal avec hantise, à découvrir avant le 16 juin 2019.
Non seulement les étages mais aussi les cours et les arrières-pièces du 11, quai Conti se remplissent des oeuvres souvent monumentales de l’élève phare de Richter et probablement l’un des plus grand sculpteurs d’aujourd’hui : Thomas Schütte. “Mes œuvres ont pour but d’introduire un point d’interrogation tordu dans le monde”, explique l’artiste dont l’oeuvre surprend et sait mettre mal à l’aise.
Que l’on commence par la Cour d’honneur et ses sculptures humanoïdes, ou que l’on aille vers la Cour de Fonderie voir ses femmes d’acier et ses galeries de natures mortes revues en 3D dérangeante, Thomas Schutte réinterprète les formats les plus classiques avec des couleurs et une fausse naïveté toujours un peu dérangeantes. L’acte 1 parle de figures humaines>.
Les héros, les muses et les pères fondateurs en bronze menaçant se mêlent à des pots de fleurs revisitant la nature morte. Pour passer de ma fonderie aux ors des salons, les escaliers sont tapissés de verts et de photos architecturales qui semblent autant de pierres tombales. L’acte 2 parle du rapport de l’artiste à la mort.
Une fois dans les pièces d’apparat, le visage humain revient, parfois un peu totem (Tête Verte, 1997), souvent déformée (Ennemis unis, 1993) mais le morceau de bravoure est la Maison de Cristal (2014) qui trône comme un trophée dans la plus grande salle de la Monnaie où elle nous invite à regarder à travers des lentilles vers les plafond. L’acte 3 est profondément architectural.
Une oeuvre déroutantes et qui joue avec les clichés établis.
visuels : visite de l’exposition (c) YH