
“Steam” le cirque noir et décadant
Jusqu’au 14 juillet, se joue sous le chapiteau du Cirque électrique, STEAM une création parfois illuminée mais bien souvent, hésitante.
“Il pleut à Magdebourg et l’Europe s’enferme comme un cancéreux pour se pendre au plafond”, les vers d’Alain Bosquet dans “Sonnet pour une fin de siècle” installent l’ambiance, entêtante, pesante, suffocante. La mécanique s’emballe et inonde la salle de vapeur, alors que les trapézistes, acrobates, et équilibristes aux frontières du punk, flirtent entre des postures de club enfumé, et la bouffonnerie du cirque.
Cirque glauque, aux décors instables et numéros qui révèlent une proximité déroutante avec quelques lieux de débauche. Cirque noir et perverti, où errent des zombis assouplis, qui tanguent entre animalité urbaine, et humour décalé. Les numéros s’enchaînent, la transition se fait au rythme du cube de fer noir qui parcourt le chapiteau, habité par les contorsionnistes gluants. Même la musique se rend poisseuse, le cirque se fait plainte morbide et infinie, d’une décadence annoncée. La mixture est souvent délicieusement infecte, entre strass et prothèse, collants losanges et perruque très XVIIème. Luxure et bonhomie cohabitent étrangement, donnant à regret parfois lieux à un capharnaüm assourdissant.
La création vaut certainement le détour, avec quelques numéros d’une qualité esthétique et performative assurée, qu’éclipsent, cependant, des clichés grossiers de l’Amérique des ninetees se voulant hilarants. Le malaise est bien là, on baigne dans ces eaux vaseuses, on veut s’éprendre de l’ambiance languissante, dans une chute lente vers ce vide noir et happant, mais voilà, qu’une caricature malhabile nous arrête. La vapeur qui recouvre le cirque et par moment se dissipe et les étoiles kitsch se laissent alors voir.