
La vie de château. Recherches archéologiques sur le château de Boves (Somme) Xe – XVIe siècles
Depuis 1996, le laboratoire d’archéologie et d’histoire médiévales (LAHM), sous la direction du Professeur Philippe Racinet (Université de Picardie Jules Verne), effectue des recherches sur le château de Boves. A 8 kilomètres au sud-est d’Amiens, ce château
sur motte, édifié au début du Xe siècle, est un des plus importants de la région.
Les fouilles archéologiques menées chaque année sur la plate-forme de la motte ont livré d’importantes informations sur les différentes résidences qui se sont succédées. Siège de l’autorité de puissants seigneurs puis de la famille des ducs de Lorraine, Boves a connu la construction de cinq châteaux. Abandonné sur ordre du roi Henri IV, le dernier sert de carrière de pierre aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Aujourd’hui, seuls les vestiges
d’une tour du château du XIVe siècle se dressent au-dessus du village.
Plusieurs éléments donnent à ce site un caractère exceptionnel : l’ancienneté de la construction de cette butte de terre entièrement artificielle, puis l’occupation particulièrement dense pendant une longue période (Xe-XVIe siècle), enfin la quantité importante de mobilier archéologique découvert durant la fouille. Constitué d’éléments
lapidaires, de carreaux de pavement, de nombreux objets métalliques (2 000),
de pièces de tabletterie, de monnaies, de céramiques (800 kg), de verres… ainsi que d’ossements animaux (plus de 6 tonnes !) et de graines, ces abondants témoignages de diverses époques permettent d’aborder cette « vie de château » sous plusieurs aspects,
son évolution politique, économique, sa société seigneuriale…
Site fortifié, le château de Boves possédait une vocation militaire évidente, il était aussi un lieu de résidence pour ses seigneurs. C’est pourquoi les objets de la vie courante
(plats, gobelets…) côtoient dans cette exposition les éléments liés à la guerre (fragments d’épées, éperons, pointes de flèche, pièces de harnachement…).
L’étude du site révèle à la fois un intense travail artisanal (textile, métallurgie) au château et une vie
aristocratique de haut niveau (pions d’échecs du Xe siècle, bijoux… une alimentation plus diversifiée décelée grâce à l’archéozoologie (étude des animaux) et la carpologie (étude des graines).