
Yvonne Princesse de Bourgogne au théâtre Jean Dame
Patrick Azria met 17 comédiens sur scène pour vivre la première pièce de Gombrowicz, Yvonne Princesse De Bourgogne. Publiée en 1938, le texte fut joué pour la première fois en Pologne en 1958. Dans sa version 2011, la musique est signée Led Zep, les danseuses sont en guêpière et des veilles tantes rodent en manteaux kitsch.

Yvonne est l’archétype de la pauvre fille, pas vraiment laide, pas vraiment belle, prostré, trop maigre, mais surtout, enfermée dans un mutisme inexpliqué. A la cour du Roi, le Prince Philippe, en pseudo Dom Juan accumule les conquêtes dans un ennui palpable. Yvonne lui apparait comme un défi, il la demande en fiançailles. L’absurdité règne alors dans le royaume.
La scénographie repose sur un univers sonore rock et des costumes imposants. Les courtisanes sont sexy, la reine au chignon royal est en lamé, tout comme son mari. Sur scène un grand mannequin et deux fauteuils qui sont autant bancs publics que trônes princiers.
Malgré l’aspect parodique assumé du texte, on rit rarement devant les malheurs d’Yvonne battue, violée et silencieuse. On respire quand les tantes de la jeune fille déboulent en éclatant de rire avant de débiter des horreurs l’une sur l’autre.
Si le texte souffre de longueurs, les moments d’éclats ne sont pas rares. Le choix de mixer danse et théâtre fonctionne à merveille sans tomber dans la comédie musicale. Le prince prend toute son ampleur en faisant d’Yvonne son patin de tissu, la soulevant d’une main.
La révélation de ce spectacle est sans aucun doute Laure Verdier, convaincante poupée de pierre.
(c) Christophe. R