L’AUTRE FILLE de Annie Ernaux, une poignante anamnèse au Petit Hebertot

Embarrassée par la mise en scène artificielle de Nadia Rémita, Laurence Mongeaud réussit à défendre  dans la salle intime du Petit Hébertot le magnifique texte de Anne Ernaux dans un seul en scène bouleversant et édifiant.

A 10 ans Annie Ernaux surprend ces mots de la bouche de sa mère : Elle était plus gentille que celle-là. Cette phrase sera pour  elle, pour celle la, une gifle. Son salut viendra de briser un tabou, celui du silence des adultes sur la mort de sa soeur, celui du monde des morts. Pour la première fois, Annie va s’adresser à Ginette, la morte, la sœur cachée, la petite sainte qui a rejoint Dieu. Elle brise le secret de famille avec des phrases courtes, sans affect. Et le texte fort de sa simplicité résonne d’une manière splendide dans la bouche de Laurence Mongeaud et comme une évidence, l’évidence d’un traumatisme moulu à l’injustice et à la procuration.  Ni plainte ni vitupération sauf le besoin brut de témoigner, de dire. 

Ce témoignage est défendu avec talent par la comédienne qui plie sans rompre sous le joug de cette assignation à être quitte de cette soeur morte trop tôt, mais aussi sous une mise en scène malaisée.

Le public enchanté et bouleversé, oublie la mise en scène et  applaudit ce cri du coeur intime et impudique.