Exposition Anne BOURSE et Emilie PEROTTO – une proposition de Sarah TRITZ

Exposition Anne BOURSE et Emilie PEROTTO – une proposition de Sarah TRITZ

11 May 2015 | PAR info26

Quand Anne Barrault m’a propose? d’exposer des artistes de mon choix dans sa galerie, j’ai eu envie d’une situation de face a? face, pluto?t opportune au regard de l’espace. J’ai alors imagine? la rencontre entre Anne Bourse et Emilie Perotto comme un portrait en creux de ma propre pratique. Je les ai imme?diatement associe?es pour le rapport fondamental que chacune d’elles entretient a? la production et pour la mate?rialite? de leurs oeuvres.
Anne Bourse travaille a? partir de de?coupages, de collages, de dessins, de fonds colore?s, d’images imprime?es, de dessins sur soie et parfois d’assemblages d’objets un peu «foutus» qu’elle che?rit et a? qui elle accorde sa confiance. Je me reme?more une gamme chromatique pre?cise: violet / rose / jaune / bleu/ vert pa?le / vert pomme / noir.
Chacune de ses oeuvres est doue?e d’une e?vidente le?ge?rete? propre aux mate?riaux choisis. Cette mate?rialite? nous dit profonde?ment que l’essentiel de la vie se situe aussi ailleurs que dans une pe?nibilite? ou un devoir.
J’y vois une strate?gie critique, malicieuse, pour de?jouer les contingences mate?rielles quotidiennes. Ses formes ne doivent pas l’encombrer spatialement. Elle dessine re?gulie?rement pour ses ami(e)s de faux billets de banque. Anne sait re?aliser des formes magiques avec presque rien, elle cre?e sa propre e?conomie, en sachant transformer du papier en un joyau.
Lever de soleil / Coucher de soleil / Ou? je suis en ce moment 1
L’installation m’e?voque les chambres japonnaises. Je me suis assise autour de la housse de couette que je nomme la «couette-jumeau» qui est ornemente?e de cigarettes peintes a? l’encre pour soie. Les cigarettes «dansent le motif». Sur les murs noirs, elle a aligne? ces fonds aux couleurs passe?es, douces et tre?s sensuelles.
A co?te?, un bouquet courbe?, au squelette de bouteilles en plastique, de fleurs chaparde?es dans des halls d’immeubles et de cartes de visite imaginaires. Petit Ikebana secre?taire me?lancolique, qui semble devoir prendre dix rendez-vous par jour, happe? par les affres d’une compe?tition absurde.Emilie Perotto re?alise des sculptures a? e?chelle imposante. Ses formes se construisent avec des mate?riaux cou?teux, comme l’acier inoxydable, le topan noir, la fonte d’aluminium. Lumie?re blanche et argente?e. J’aime e?norme?ment la de?mesure de sa de?marche. Sans concession, ni superflu. Tout est de?mesure?ment pre?pare?, je dirai me?me cadenace?. Ce n’est pas fre?quent d’e?tre si rigoureuse dans l’anticipation d’une forme et de sa spatialisation. Emilie Perotto fait appel a? un savoir-faire qu’elle ne posse?de pas, travaillant re?gulie?rement avec un artisan et d’autres fois avec des apprentis ferronniers ou encore des menuisiers qui ont re?alise? pour et avec elle la forme de?sire?e. Lors de la re?alisation, Emilie inte?gre autant leurs points de vue que leur technicite?. Les sculptures sont en quelque sorte la mise en forme du faire-ensemble. Elle e?labore ainsi sa propre e?conomie et sa propre chai?ne de production.
L’esprit de contradiction (sculpture capucine)1/22
Une arme?e de glaives noirs enfile?s sur le tube-corps d’argent du Roi. Une sculpture majestueuse serait comme l’abstraction de La bataille de San Romano peinte par Uccello. Perception frontale. Les glaives en topan noir attendent d’e?tre regarde?s et menacent de nous assommer. On imagine a? travers le dessin de la sculpture une me?canique aux mouvements impitoyables.
Il est rare en tant qu’artiste de pouvoir regarder d’autres artistes au travail et de se mettre en retrait pendant qu’une rencontre de formes et de langages se passe sous vos yeux. Je n’ai pas eu a? convaincre Anne Bourse et Emilie Perotto a? montrer leurs oeuvres ensemble. Je de?sirais simplement que la rencontre se dessine sans forcer quoi que ce soit. Les pratiques et la mate?rialite? de leurs oeuvres disent quelque chose de politique chacune a? leur fac?on. Ces deux femmes artistes cre?ent leur propre autonomie.

Sarah Tritz, janvier 2015
51 Rue Des Archives, Paris

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