
“Demain vite !”, le voyage au bout de l’avenir de Jean-François Cesarini au Off d’Avignon
Le comédien campe un homme sans nom dans ce huis-clos de Michel Bellier mis en scène par Marie Pagès, où l’on voyage, dans le temps et dans les idées. A voir à 21h15 au Cabestan.
Il est seul, en marcel, l’air ultra pensif, posé sur sa chaise. L’image est forte. Il attaque comme il nous parlerait à un arrêt de bus, lors d’une attente trop longue : “Bon, d’habitude, il y a tout un tas de précautions pour vous dire que vous êtes au théâtre.” Ici, quelques éléments de décors nous indiquent que nous sommes dans une vieille maison où tout est en bois et où les tapis sont moelleux. Une valise, un chevalet, des petits bancs, voilà pour l’essentiel.
Il devait, l’homme sans nom, donner une conférence sur le sujet suivant : “Quelle société future pour le siècle qui s’ouvre ?” Sa spécialité ? La futurologie ! Alors, on se marre et l’on pense immédiatement aux caricatures du XIXe qui prédisaient des trucs fous mais aussi des trucs qui sont vraiment arrivés pour le XXe. Le cours n’aura toutefois pas lieu comme prévu car une lettre vient tout bouleverser.
Un pas de danse rappelle Charlie Chaplin
Alors, l’homme se met en boucle, dans un train sans terminus. Il roule, croise un dictateur, une féministe et pense le monde qui change avec eux. On ne sait pas s’il parle au présent ou au passé et c’est là toute la force du jeu d’acteur très direct et souvent espiègle. De très bonnes idées viennent apporter de la fluidité à ce texte dense. Une astuce empêche la voix de nous parvenir et un pas de danse rappelle Charlie Chaplin.
Cesarini pose la question de l’avenir de l’Europe qui alors n’existe pas. Il délivre à la perfection les belles utopies du texte. Dans une belle mise en espace, la langue nous parvient sans fourcher et le comédien excelle dans cet exercice raide à l’équation simple : une heure, tout seul. Le résultat est efficace et d’autant plus troublant que le comédien est également élu de la République, député du Vaucluse pour être juste. Les mots résonnent tellement plus fort dans ce drôle de contexte. 1914-2018, et toujours la même question sans réponse nette, car personne ne peut prédire l’avenir : “Quelle société future pour le siècle qui s’ouvre ?”
Du 6 au 29, relâche le mardi, à 21H15 au Théâtre du Cabestan, 11 rue du Collège de la Croix-Durée 1H.
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Visuel : © Philippe Hanula