Un chapeau volant dans la Tour Eiffel par l’Orchestre de Paris
Samedi et dimanche 5 juin, l’Orchestre de Paris a élu domicile au Salon Eiffel, au premier étage de la tour. Si le samedi soir, ils proposaient, avec le chœur des jeunes, une série de mélodies françaises, les matins, c’était Tomi Ungerer et les cuivres qui étaient à l’honneur dans un chapeau volant pour les 4-6 ans (et leurs parents ravis) interprété par Emmanuel Benèche et cinq musiciens de l’Orchestre de Paris.
Les yeux des enfants DANS la tour Eiffel
Ce samedi 4 juin, rendez-vous 1h30 avant le concert, porte 2 de la tour Eiffel pour une expérience assez exceptionnelle : entendre de la musique au Salon Eiffel, avec ses enfants en bas âge. Par une série de signalisations et de passages astucieux (avec un billet spécial pour l’ascenseur), nous arrivons avec une grande fluidité au premier étage, avec la possibilité de grimper tout haut et surtout de profiter du cadre (où l’on pouvait boire un café avant qu’il n’y ait trop d’afflux de touristes) pendant plus d’une heure. Et quel spectacle déjà que de voir des poussettes et des tout petits courir et s’émerveiller de la vue, de l’acier, des bateaux et des gens microscopiques en bas.
Un conte cruel et des cuivres percutants
Déferlante de poussettes, donc dans le salon Gustave Eiffel et sa vue renversante, organisé de manière très cosi avec un vestiaire. Les chaises sont préparées avec des petits livrets et les textes que nous allons chanter, notamment “Au feu les pompiers” revu et corrigé pour l’histoire avec un “landau qui brûle” disposé sur scène avec le chapeau et un oiseau blanc merveilleux. “Il avait une jambe de bois” est une autre chanson qui célèbre le héros de la nouvelle, Bénito Badoglio, poilu qui a perdu sa jambe à la Grande Guerre, plus si jeune et à qui il arrive plein de belles aventures de sauvetage. Le Chapeau Volant est un conte cruel du génial Tomi Ungerer qui date de 1970, et, comme à l’habitude du grand conteur et dessinateur, les affreux, sales, éclopés et méchants sont rachetés par la magie de la vie qui se poursuit. Sauf qu’entretemps, c’est cru et les enfants adorent.
Côté musique, il n’y a rien de moins que du Ligeti et des variations de Jean-Michel Damase. Le quintette, constitué d’Anaïs Benoît à la flute, Rémi Grouiller au hautbois, Olivier Derbesse à la clarinette, Yuka Sukeno au basson et Jérôme Rouillard au cor s’en donne à cœur joie. Habillé belle époque, Emmanuel Bénèche est un conteur tout droit sorti des livres du 19e siècle. Tout commence par un tour de piste pédagogique des instruments pour les faire reconnaître et aussi lancer l’atmosphère participative en faisant différencier les morceaux. Le public maîtrise mieux Disney que Ghibli mais les parents ne s’en sortent pas mal. On répète ensuite les chansons qui deviendront entêtantes et c’est parti pour une heure d’aventures.
Dans les mains virevoltantes d’Emmanuel Bénèche, le chapeau fait tapis volant et se déplace de musicien en musicien, comme un totem. C’est imagé, la musique donne du corps et les enfants sont mesmérisés. Ils sont peu nombreux à oser bouger, mais n’hésitent pas à chanter ! Ceux qui chantent le plus fort sont évidemment les parents, parfois tellement pris au jeu et dans les notes qu’ils en oublient d’observer leurs petits et redeviennent enfants eux-mêmes.
Quand le concert se termine, les petits applaudissent à tout rompre. Et les familles sortent avec un immense sourire de ce moment magique. Une expérience unique et réellement mélomane à ne pas manquer !!
Visuel (c) YH