Arts

“Tira Lenso” : ode à Marseille, ode à la jeunesse

24 August 2021 | PAR Anne-Sophie Bertrand

Direction les Docks Village de Marseille pour découvrir l’exposition Tira Lenso, curatée par Anna Labouze & Keimis Henni pour Marsatac, qui réunit les installations textiles de Delphine Dénéréaz et les photographies de Robin Plus.

Lorsqu’on entre dans l’exposition Tira Lenso, il y a pas de cartel, et les derniers textes de présentation ont été gardés par les précédents visiteurs. Alors pour une fois, on navigue à vue. On rentre dans un univers que l’on croit connaître, puis on capte rapidement qu’il y a quelque chose de différent : une âme plus insolente, plus libre et plus transgressive ; bien qu’à la fois chaleureuse et joyeuse. On aperçoit le logo de l’OM sur une tapisserie de Delphine Dénéréaz et presqu’instinctivement une petite voix murmure : “C’est pas la capitale, c’est Marseille bébé”. Dans cette exposition, ce qui semblait étiqueté s’affranchit. Tout semble possible, tous les mélanges, toutes les péripéties, toutes les issues. Troublant, mais attirant. Troublant et attirant. Marseille.

Une personne dans l’exposition nous souffle : “J’ai choisi de venir m’installer à Marseille car ça a un peu la même âme que Berlin. C’est jeune, fougueux, pas du tout lisse. Ces villes ont été pendant longtemps été délaissées, mais chacune a su développer cette énergie hyper intense. Marseille, c’est pas le bordel, c’est la vie qui déborde.”

On regarde alors de plus près les photographies de Robin Plus, et on trouve que ce témoignage sur Marseille ne pouvait pas sonner plus juste : un groupe d’amis réuni, un selfie sur des gravas pas loin des quartiers nords, une photo de parties intimes côtoient friches et coucher de soleil, un couple s’embrasse en léchant langoureusement une voiture de police miniature… Place à cette jeunesse créative et alternative de tout horizon, de toute sexualité, de tous les genres et non-genrée qui évolue dans cette ville cosmopolite et hybride où béton et végétation cohabitent. Parfois l’un prend le pas sur l’autre. Certains bâtiments se construisent, d’autres sont désertés et la nature reprend le dessus. Ils deviennent aussi des lieux de rassemblement. La vie s’entame alors d’une autre manière – des free party durant lesquelles on se fréquente, on danse, on s’aime, on joue parfois avec les limites. Et alors ?

“Nous avons été privés de cette énergie de groupe que l’on pensait si acquise et qui s’est révélée essentielle” explique le médiateur. Cette exposition lui rend hommage. Danser ensemble. Être ensemble. Faire la fête. “Laissez-moi danser” tissé bleu ciel sur blanc, traînant sur un flight, nous donne l’impression d’une nuit fraîchement terminée mais qui ne va pas tarder à reprendre. L’installation multimedia “Les Noces”, co-signée par les deux artistes, retrace une nuit qui semble ne jamais se terminer. Récit romanesque, baroque, un peu fantasmé ?

Peu importe. Nous aussi, on viendrait bien à leurs soirées pour pouvoir respirer

Visuel : jeunes femmes sur une voiture rouge face à la mer/ ©Tira Lenso

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Anne-Sophie Bertrand

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