Artemisia, le combat pour l’art
Artemisia nous propose de découvrir la vie d’Artemisia Gentileschi dans l’Italie des peintres de la Renaissance. Lecture en demi-teintes pour une icône malgré elle du féminisme.
Rome, 17ème siècle. Artemisia apprend la peinture en travaillant dans l’atelier de son père, Orazio Gentileschi. A l’époque, les femmes n’ont pas le droit d’être peintre: elles ne peuvent pas signer leurs toiles, les vendre, ou même acheter le matériel nécessaire. Artemisia est seule dans un monde d’hommes, habitée par la même passion que son père qui ne comprend rien d’autre que l’art.
Par le biais des questionnements de sa fille sur la destinée de sa mère, on découvre le parcours d’une femme forte et déterminée à vivre sa passion. Les obstacles sont nombreux, les hommes cruels, mais sa volonté fit qu’elle fut la première femme à être admise à l’Académie de dessin de Florence, lui donnant ainsi le statut de peintre à part entière.
Cette biographie nous dévoile des pans de la vie d’Artemisia Gentileschi, de ses combats qui firent d’elle une figure du féminisme et donna son nom au Prix Artemisia, qui récompense chaque année un album de bande dessinée réalisé par des femmes. L’histoire se concentre plus sur l’aspect personnel que sur la peinture, qui reste en toile de fond, moteur enragé et puissant de la jeune femme.
L’histoire se lit facilement et évite les écueils de la biographie tels que le récit chronologique, ou l’abondance de détails qui noient le propos, bien que certains passages soient légèrement ampoulés et manquent un peu de fluidité. Mais la faiblesse de l’album se situe dans le dessin, très inégal. Autant Les décors et les vêtements sont traités avec finesse, autant les personnages posent problème. Les positions sont figées voire maladroites, les traits des visages sont fréquemment réduits à un tel minimum qu’on frôle le smiley et les proportions sont parfois aléatoires. La mise en couleur, dont la gamme retranscrit bien le lieu et l’époque, souffre elle aussi de maladresse dans le traitement des ombres.
On ne demande pas à avoir une reproduction fidèle du style d’Artemisia dans chaque case, ce genre de bande dessinée serait totalement indigeste, mais évoquer une figure de la peinture de la Renaissance avec des erreurs anatomiques et des ombres approximatives est regrettable.
Mais puisque la vie d’un artiste est un éternel apprentissage, considérons que cet album n’est qu’une étape dans la carrière de ces jeunes auteures.
Artemisia, de Nathalie Ferlut et Tamia Baudouin, 72 pages, Delcourt, paru le 16 août