Cinema
Le Préservatif : Si on en faisait tout un cinéma ?

Le Préservatif : Si on en faisait tout un cinéma ?

30 November 2012 | PAR La Rédaction

5 juin 1981 : l’existence du syndrome d’immunodéficience acquise, alias SIDA, est avérée. Plus de 30 ans plus tard, plus de 28 millions de personnes sont mortes à cause de ce virus, et plus de 34 millions de personnes continuent à vivre avec. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le VIH est loin d’avoir disparu même si la présence du préservatif sur nos écrans laisse à désirer. Et s’il est facile de comprendre que les réalisateurs n’ont pas tous envie de montrer des séropositifs, on est tout de même en droit de se demander pourquoi la capote n’est pas plus présente dans les films ?

Le 6 novembre 2012, la mesure B est votée dans le comté de Los Angeles. Elle oblige les acteurs de films X à utiliser un préservatif lors de leurs ébats sexuels. Non seulement cette mesure permettrait de limiter les risques de transmissions de MST (maladies sexuellement transmissibles), mais elle montrerait également aux amateurs de ce genre de films que mettre une capote ne veut pas dire que la relation sexuelle ne sera pas torride. Des chercheurs de l’université du Missouri et de Dartmouth ont révélé les résultats d’une étude sur les liens entre le visionnage massif de scènes de sexe dans les films par les adolescents et les risques qu’ils prennent ensuite dans leur vie sexuelle de tous les jours : Il semblerait que les adolescents calquent leur comportement sexuel sur les exemples cinématographiques. Si on veut qu’ils se protègent, le cinéma doit enfin donner l’exemple. Mais est ce si facile ?

Selon Fréderic Zamochnikoff, réalisateur et scénariste : « il ne faut pas tout mélanger. Le cinéma doit être dramatique, or la capote n’a aucun intérêt dramaturgique à moins d’avoir un acteur atteint du sida. C’est une perte de temps dans l’action, d’autant plus qu’on ne voit rarement les détails d’un acte sexuel car tout passe en ellipse, et la capote en fait partie. » Il ajoute : « la société est corrompue par le fait qu’il faille faire du social, or le cinéma est un art et il n’est pas fait pour faire du placement de produit. La capote est antinaturelle et anti-romantique, mais c’est au ministère de la santé de faire son boulot. Il faut laisser les artistes être libres… »

Hormis le film « les témoins » d’André Téchiné sorti en 2007, il semblerait que le sujet sida et capote ne soit plus vraiment à la mode pour nos amis réalisateurs. Et pourtant, entre « les nuits fauves » de Cyril Collard, « Philadelphia » de Jonathan Demme, ou « Kids » de Larry Clarke, les années 90 nous avaient mis quelques belles claques cinématographiques pour traiter du sujet. Malgré tout, peut-on dire que le préservatif est complètement absent de nos écrans ? A priori non, car on le voit encore dans les teen movies et les comédies romantiques américaines. Bien souvent, l’objet sert plus à faire un gag qu’à faire de la propagande pour le port de celui-ci, mais toujours est-il qu’il existe et qu’il peut s’imprimer dans notre inconscient. Et qu’en est-il des films français ? Même s’il est difficile de lister des scènes marquantes de films dans lesquelles on se souviendrait d’une capote, ces films existent. Peu nombreux, certes, mais souvenez-vous de cette fameuse scène du film « les infidèles », dans laquelle Guillaume Canet est obligé de balancer son chien par la fenêtre pour faire disparaître sa capote usagée. Ou le film « les beaux gosses » quand Hervé répond à son père qui lui demande s’il met des capotes : Bah ouais, t’inquiète, même une fois j’en ai mis deux ! Ou encore le premier film de Mélanie Laurent, « les adoptés », où l’on peut apercevoir un préservatif gentiment suggéré lors de la première scène d’amour entre Marine et Alex.

Alors quelle pourrait être la solution pour que la capote s’imprime définitivement dans nos esprits ? En 1993, une opération de prévention du sida est menée en France. Elle s’appelle 3000 scenarios pour un virus et propose à des lycéens d’écrire des courts métrages de cinéma sur le sujet. Parmi les scenarios sélectionnés, 31 ont été réalisés par des réalisateurs de renom comme Cédric Klapisch, Richard Berry, Gérard Jugnot ou encore Jane Birkin. A l’écran, on pouvait voir de grands acteurs tels que François Cluzet, Vincent Cassel, Chiara Mastroianni, François Bérléand ou Valéria Bruni-Tedeschi. Faire contribuer des jeunes à une aventure cinématographique alors qu’ils sont les premiers concernés pourrait être une première piste. Diffuser ensuite très largement leur création sous forme de pub sur youtube (en remplacement des spots publicitaires de 25 secondes qui nous sont imposés avant tout visionnage) ou de bande annonce au cinéma, voilà qui serait déjà un pas de géant pour réveiller les consciences et montrer que le préservatif reste toujours l’unique solution pour se protéger efficacement.

Juliette Hebbinckuys

 

Visuel : Affiche les Témoins

Mais où sont passées les capotes ??
La genèse des préservatifs dans la publicité
La Rédaction

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