Frédéric Beigbeder, un Français peu discret
Dans son dernier roman sur-médiatisé, l’auteur de “99 francs” ne se vend plus. Il se peint. malheureusement pas de de profil.
C’est un ouvrage paru en 2009 chez Bernard Grasset, dont l’auteur est né en 1965 à Neuilly-sur-Seine. Le livre est donc bel et bien, quoiqu’il en puisse coûter de le reconnaître, français. C’est un récit, surtout, du genre autobiographique, mais ce n’est pas, ce n’est en aucun cas un roman. Jamais titre, en somme, ne fut mieux trouvé par un éditeur, mais rarement si trompeur. Car la vie du Français Beigbeder est tout, sauf un roman. Non que l’intérêt lui fasse défaut – le matériau biographique du Français Beigbeder se révèle, comme tant d’autres, d’une médiocrité ordinaire – mais le style surtout, et encore la profondeur.
Le propos doit néanmoins être nuancé, car au lecteur humain, la découverte par l’auteur du caractère éphémère de l’existence, de l’histoire de son pays ou d’une génération, ouvre des perspectives proprement abyssales : il aura fallu quarante-neuf ans au Français Beigbeder pour se savoir et pour s’écrire mortel, révélation dont la profondeur métaphysique n’est provoquée d’ailleurs que par le traumatisme – insurmontable, assurément… – d’une nuit au trou. Expérience salutaire, en vérité, par la grâce d’un rail aligné sur le capot d’une voiture, qui ne suffira pas à faire de cet ouvrage une autobiographie lisible, mais peut-être, hélas, un best-seller de plus. Et pour les incrédules, s’il devait s’en trouver, la preuve par l’exemple : « Avez-vous remarqué que tous les contes de fées s’achèvent le jour du mariage ? » (page 78). « Le métier de flic, comme celui de romancier, consiste à rapprocher des choses apparemment sans rapport entre elles. » (page 99). « Le monde dans lequel je suis né n’a rien de commun avec celui d’aujourd’hui. » (page 109). « Tapez sur la tête d’un écrivain, il n’en sort rien. Enfermez-le, il recouvre la mémoire. » (page 128). « Si vous voulez attirer l’attention de quelqu’un, il faut le quitter. » (page 166). « Les aubes sont moins sereines que les crépuscules. Combien m’en reste-t-il ? » (page 267). Et la plus amusante, enfin : « Aucun habitant de ce livre ne mourra jamais. » (page 270).
Frédéric Beigbeder, Un roman Français, Grasset, 18 euros.
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