Mode
De toutes les matières, c’est la maille qu’Emanuel Ungaro préfère !

De toutes les matières, c’est la maille qu’Emanuel Ungaro préfère !

06 March 2020 | PAR Cloe Assire

C’est au sein de ses salons de l’avenue Montaigne que la marque Emanuel Ungaro a dévoilé sa collection automne-hiver 2020/21. Et c’est une matière – la maille – qui est  au cœur des préoccupations de cette ligne de vêtements élégants et confortables, adaptés aux différents moments de la vie d’une femme. Mais ici maille ne rime pas avec ancestral : un air vif et jeune vient balayer les préjugés au sujet d’une matière renvoyant bien souvent aux pulls en tricot confectionnés par notre grand-mère…

Décédé en décembre 2019, le couturier français d’origine italienne avait fait ses adieux au monde de la mode en 2004, quelques temps après avoir vendu sa marque éponyme au groupe Ferragamo. Cette vieille maison française fondée en 1965 n’a plus de directeur artistique depuis trois ans maintenant suite au départ de Marco Colagrossi. C’est donc un studio en interne, composé d’une équipe de jeunes créateurs ayant connu Emmanuel Ungaro, qui a pris le relais en  s’appuyant sur les archives tenues par la marque. Rappelons que le couturier mythique de l’âge d’or de  la mode parisienne des années 1980 s’était formé aux côtés de Cristobal Balenciaga avant de travailler sous son nom avec un style haut en couleurs. Sa patte se caractérisait également par des soies éclatantes et chatoyantes mais surtout par un mélange d’imprimés comprenant des fleurs, des pois, des rayures et des carreaux. Réinterpréter cet héritage était donc essentiel, surtout que la ligne féminine fut un temps absente des podiums avant d’être relancée l’année dernière aux côtés de la collection destinée aux hommes, en prenant déjà la maille comme fil conducteur.

Dans un marché où il est de plus en plus difficile de se démarquer, la maison Emanuel Ungaro continue donc le pari d’attirer une clientèle plus grande en revisitant une matière dont les propriétés sont bien souvent délaissées. Cela n’est pas sans rappeler le travail de Maria Aristidou qui, au cours de ses défilés Haute Couture, a su faire de la maille sa marque de fabrique. Ici, cette matière est mélangée, juxtaposée, ajourée jusqu’à tromper l’œil si l’on ne regarde pas le vêtement de près. La maille devient tour à tour une nouvelle dentelle, un tissu semblant recouvert de paillettes, ou encore aussi confortable que du jersey. On la trouve également associée à du lurex et à de la soie.

“Il ne faut pas porter une robe, il faut l’habiter” répétait sans cesse Emanuel Ungaro : cette citation pourrait être le mantra de cette collection tant les vêtements s’adaptent aux mouvements du corps de la femme sans l’entraver et en le sublimant. L’ensemble se veut élégant, les courbes sont suggérées plutôt que montrées, le tout avec sensualité et tendresse. Certaines robes sont légèrement transparentes mais n’en deviennent jamais pour autant provocantes. Les coupes s’inspireraient du fameux Azzedine Alaïa tandis que la palette colorée saura séduire celles aimant rester discrètes – avec des noirs, des bleus profonds ou encore des kakis – et celles appréciant des teintes plus pétillantes. Coup de cœur notamment pour une série de petites robes lilas, roses et rouges qui, associées à une paire de sneakers, seront idéales en toutes circonstances. Le plus ? Une maille aussi confortable que du jersey, ne se chiffonnant point, permet de les glisser dans sa valise et de les en sortir sans aucun pli une fois à destination. En somme, la définition parfaite du prêt-à-porter !

Le thème de la robe noire à bijoux, qu’affectionnait tout particulièrement le fondateur de la maison, se voit quant à lui revisité par l’intermédiaire de broderies, notamment avec des perles tubulaires argentées appliquées à la manière d’un plastron sur la maille sombre. Mais c’est surtout le savoir-faire requis pour une broderie représentant une fleur de lys qui retint notre attention – les pistils se détachant du vêtement – créant un mouvement intéressant au sein de ce délicat détail. Les fleurs parsèment d’ailleurs la collection, en particulier au travers d’un motif conçu spécialement par le studio et réutilisé pour les doublures de la ligne homme en diminuant la saturation de ses couleurs vives. La plus belle demeure indéniablement le bleu canard utilisé pour teindre une veste en écofourrure, matière déjà usitée pour la collection précédente.

Avec cette collection, le studio de création réaffirme les codes d’une maison iconique, cherchant à se démarquer de nouveau sur un marché devenu saturé. Pari réussi avec une ligne adaptée tant au monde du travail qu’à la vie quotidienne tout en proposant quelques pièces d’exception dédiées aux grand évènements. Les recherches expérimentales en vue de renouveler la maille sont saisissantes : sauront-elles le rester pour ne pas ennuyer ? On l’espère, l’univers d’Emanuel Ungaro et sa vision de la femme méritant indéniablement une histoire pérenne.

Visuels : fournis par la maison Emanuel Ungaro

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