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Richard Hamilton, le père du pop art anglais, est mort hier

Richard Hamilton, le père du pop art anglais, est mort hier

14 September 2011 | PAR Amelie De Chaisemartin

L’artiste anglais, dont l’oeuvre « Au fait, qu’est-ce qui différencie et rend les foyers d’aujourd’hui si attirants » (Just What Is It that Makes Today’s Homes So Different , So Appealing?) est considérée par les critiques et historiens comme l’une des premières oeuvres du Pop art, est mort hier, à 89 ans.

Dans les années 50, Richard Hamilton fait partie de l’Independent Group, un cercle de jeunes artistes, architectes, peintres et sculpteurs, qui veut créer un art non élitiste, inspiré des médias de masse (des magazines, du cinéma hollywoodien, de la publicité). C’est au sein de ce groupe que le terme “pop art” a été utilisé pour la première fois. La branche américaine du pop art s’est développée quelques années après, avec Andy Warhol, Roy Lichtenstein ou Robert Rauschenberg, qui admiraient l’oeuvre de Richard Hamilton.

Dans son célèbre collage de 1956, un homme au corps d’athlète pose dans un appartement moderne. Les images du collage sont empruntées à des magazines américains et le titre reprend un slogan publicitaire.

 

L’oeuvre est une forme de manifeste du pop art. On y retrouve en effet des thèmes qui seront chers à Andy Warhol.  Il s’agit d’abord d’une satire de la société de consommation. L’appartement est saturé d’objets vus à la télévision ou dans les magazines modernes. Les slogans et publicités qui apparaissent, comme “ordinary cleaners reach only this far”, détachées de leur contexte, semblent risibles. L’oeuvre représente des icônes de la société de consommation, un corps de rêve, une télévision, et s’interroge ainsi sur le rapport fétichiste de la société à certaines images. Enfin, le collage amorce une réflexion sur la notion de beauté véhiculée par les médias (la beauté d’objets ou de corps athlétiques). Quelle relation l’art doit-il avoir avec cette beauté conformiste ? L’art recherche-t-il la même beauté que celle des publicités ? L’oeuvre d’art est-elle un autre objet de consommation comme un autre, comme le suggère l’affiche au mur de l’appartement moderne, qui pourrait être une oeuvre d’un artiste pop Art ? Le collage, constitué par une série de “copier-coller”, va à l’encontre du caractère unique et sacré de l’oeuvre, qui n’est qu’un ultime produit de la société marchande. Ces questions, on le voit, n’ont pas perdu de leur actualité.

En 1968, Paul McCartney et Richard Hamilton imaginent ensemble la pochette du nouvel album des Beatles. Hamilton voulait, au départ, réaliser un collage de photos de Beatles, mais y renonce, et choisit finalement de créer une pochette toute blanche, avec le seul nom ‘The Beatles”, écrit en petit. Il fera de son collage un poster qu’il glissera à l’intérieur de la pochette. Il continue ainsi sa réflexion sur le rapport de sa société aux images iconiques. La photo des Beatles était en effet présente sur toutes leurs pochettes, et la parution du “White abum” a créé un choc par leur absence.

 

Richard Hamilton a également réalisé des œuvres politiques, comme Shock and Awe (2007-08) qui met en scène en costume de cow-boy l’ancien premier ministre travailliste Tony Blair après sa décision de participer avec les Américains à l’invasion de l’Irak, en 2003. “Il me semble qu’un artiste doit s’intéresser à ces questions, et je ne vais pas y renoncer”, avait-il expliqué à l’époque.

Même malade, il a continué à travailler jusqu’au bout et préparait une rétrospective de son oeuvre, prévue à Los Angeles, Philadelphie, Londres et Madrid.

 

 

 


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Amelie De Chaisemartin

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